Nous avons la chance de vivre dans une partie du monde où cette denrée vitale est en abondance. Nous avons trop longtemps cru qu’il suffisait de la pomper pour la boire, en toute tranquillité. Nous savons aujourd’hui que ce liquide si précieux reçoit tout ce que nous rejetons, et que nous finissons par retrouver dans notre verre nos déchets coupables. Oh certes, le cycle de l’eau est à l’échelle de la nature. Il se compte en dizaine d’années, ou plus en certains endroits.
Templemars est aux portes de la métropole lilloise, bercée à la fois par le ronronnement des machines industrielles et le piaillement des alouettes.
C’est notre histoire. C’est aussi notre atout : une ville à la campagne !
Il nous faut prendre garde aujourd’hui à ce que ce tableau plutôt enviable, ne tourne au cauchemar. Depuis (peu) d’années, nous commençons à prendre conscience que nous sommes capables de déjouer les astuces que Dame nature s’est ingéniée à édifier pour contrôler nos excès.
Depuis longtemps, le petit monde de l’hydrogéologie régionale tire la sonnette d’alarme : notre réservoir d’eau est menacé, au point qu’il a fallu fermer quelques point de captage d’eau potable, du côté d’Emmerin.
C’est là qu’intervient l’ORQUE. Traduisez “Opération de reconquête de la qualité de l’eau”. Ce redoutable mammifère est une émanation conjointe de LMCU et l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Il s’agit d’analyser très finement les causes de pollutions de la nappe qui alimente les robinets lillois, avant de leur trouver une solution. Il ressort de cette analyse en cours qu’il est certes facile de proclamer toutes sortes de “yaqua” sur le nombre d’usines de retraitement, sur la responsabilité des entreprises, des agriculteurs… Il est beaucoup difficile de cerner ce qu’on appelle les “pollutions diffuses”, les minuscules ruisseaux de pollutions certes minimes que la gravité entraîne inexorablement vers la nappe phréatique.
Les pesticides divers et variés, les automobiles pétaradantes de l’autoroute A1 sont à n’en pas douter source de pollution. Mais lorsque nous balançons ni vu ni connu un vieux bidon d’huile de vidange au tout à l’égoût, lorsque nous embellissons notre jardinet à coups de désherbant systémique, lorsque nous enfouissons sans vergogne quelques détritus qui heurtent notre sens de l’esthétique, nous sommes tout autant d’horribles pollueurs !
Vous le comprenez : l’objectif de l’ORQUE est ambitieux, pour ne pas dire présomptueux. Il s’attaque à nos mauvaises habitudes, à notre sans-gêne, autant dire notre culture.
Les esprits malveillants prétendront que c’est un peu chercher à ressembler à Don Quichotte. Je leur repondrai simplement qu’il n’y a de causes perdues que celles qu’on refuse d’affronter. Et quand on parle de culture, j’ai tendance à faire preuve d’humour. C’est la raison pour laquelle je vous offre cet inaltérable Bourvil.