Berrybelle, je la connais. Enfin : je la lis. Régulièrement. Ici.
Hier soir, je l'ai vue. Dans ma télévision. J'ai vu son mari, surtout. Il m'a fait rire et presque pleurer. Touché est un bon mot. Impressionné aussi.
La télé ? Oui. Ils faisaient partie d'une émission qui les a suivis pendant un an. Histoire de narrer l'aventure dans laquelle ils, et avec eux deux puis trois minots, se sont lancés : La construction d'une maison en paille, quelque part en Alsace.
L'émission était ainsi présentée : Malgré la crise, la maison individuelle reste un objectif fort pour nombre de Français. Mais plus question de faire n'importe quoi, la maison doit être le meilleur marché possible, être économe en énergie et préserver la santé de ses habitants. Pendant près d'un an, «Zone interdite» a suivi trois couples sur les chantiers de leurs maisons. Un parcours du combattant. Une exceptionnelle détermination qui ne donne pas envie de juger mais plutôt de se dire, n'empêche, en ce bas monde, il y a des gens extraordinaires. Monsieur et madame, en effet, sans plus de sous que ça et avec de plus en plus moins de sous, se sont lancés dans un projet tout ce qu'il a de plus éthique. Mais de l'éthique à l'épique, et dans une époque qui n'oublie jamais de rimer avec toc, la belle démarche intellectuelle et projetée se frottant au réel a vite fait de tourner vinaigre. Et le vert passe par toutes les couleurs, toutes les émotions. Rouge, rose, gris, noir, soleil. La maison de paille n'est toujours pas construite. Ils devraient habiter dedans. Les aléas se sont empilés au point que monsieur n'arrête pas d'évoquer le mot tuile. De la paille à sur la paille, il n'y a qu'un pas. Qu'une erreur. Faite, apparemment, par un cabinet d'étude. Comme on dit : petite cause, grosse conséquence. La dite erreur chamboule tout. Berrybelle et son mari deviennent les capitaines d'un navire qui prend l'eau mais ne rompt pas. Ils écopent. Ils assument. Ils osent même demander de l'aide. Via le net. Pas si courant.
Ce que je ressens, ce matin, c'est de l'admiration. De l'admiration pour cette famille qui ne renonce pas, même si l'on peut se dire qu'elle n'a en fait plus le choix. De l'admiration pour ce couple qui ne rompt pas et qui avance, vaille que vaille, coûte que coûte, l'humilité en bandoulière. Des bâtisseurs. De l'admiration pour ce que, au fond, ces gens véhiculent d'humanité, de capacité à entreprendre, mais aussi de naïveté et de crédulité. C'est en forgeant... De l'admiration pour ce gars qui apprend tout sur le tas, positive les erreurs, apprend à en rire même et surtout quand tout donne envie de pleurer, le corps malmené par les parpaings et le boulot qu'il abat en plus de son travail.
De l'admiration pour cette femme enceinte, avec deux autres enfants, qui prépare un petit déjeuner d'accueil pour les volontaires appelés à la rescousse, des inconnus qui viennent filer le coup de main. De l'admiration pour ces volontaires qui viennent, justement, filer le coup de main. Comme ça.
Bref, c'est là que ça se passe si vous le voulez bien : le site de la maison des pailloux.
Il est des maisons, on se dit que construites ou pas, dans les temps ou pas, elles sont et serout de toutes façons habitées. Par des êtres humains. Profondément humains. Et franchement, ils ont tenu la baraque, Berrybelle et son mari.
Dans l'émission, deux autres familles étaient suivies par les caméras dans leur projet immobilier respectueux de l'environnement. Depuis sa création en mars 1993, «Zone Interdite» est le miroir d'une société en mouvement : évolution des modes de vie, bouleversements sociaux, changements des mentalités. Le thème d'hier soir : Moins chère, naturelle et facile à vivre : je construis une maison qui va changer ma vie.
Pour le moins cher, dans les trois cas, on repassera. Mais c'est la vie de tout chantier et pas forcément l'écolo qui, en l'occurrence, fait exploser le chéquier.
Pour le changer ma vie, par contre, c'est sûr. Si du côté d'Arcachon, où maison en bois et piscine naturelle fleurent le chéquier qui suit bien le rythme et une matriarque qui tient son bébé d'une maître main, avec essentiellement, on le sent, une volonté de paraître beau et bio, du côté de Besançon, par contre, la nature des choses a été toute autre.
Le projet a suivi son cours. Mais c'est la vie qui continue qui, là, a mis quelques tacles. Et là aussi on a vu des gens se battre, tenir, s'adapter, encaisser, pour, à la fin, sourire. Etre fier. Et ça c'est important. C'est tout ce que je souhaite à Berrybelle et aux siens.
Au fait, ils font un appel aux dons. Hésitez pas.