9.

Publié le 23 février 2009 par Pffftt
Les extraits de "Charlie et Thomas" (titre méga provisoire) sont proposés dans le plus débile des désordes, et ne me demandez pas pourquoi, j'en sais fichtre rien et en plus tout le monde s'en fout...
Cool!



"Suzie n’est pas fan de Leperseries. Question pour un Champion, mais qui te croit ducon ?
Bon, mais elle se force un peu, parce que les vieux au club ils considèrent ce Julien comme un dieu. Faut bien qu’elle cause avec eux de temps en temps. Et puis Lepers, tu le retrouves dans chaque conversation alors…
« Stop ! Dans la mythologie grecque quel être fabuleux est moitié homme moitié cheval ? »
Vas-y Suzie buzze, tu l’as la réponse, mais si mais si …buzze va !
Euh…Toto ???
Elle grignote une carotte en souriant.
Normalement elle bouffe son plateau repas que les guignols de la commune lui déposent tous les matins : « Et voilà ma p’tite dame ! Le déjeuner et le dîner, il faut réchauffer au micro ondes, trois minutes ! C’est trois minutes hein ? Pas plus n’allez pas nous faire sauter l’immeuble !!! »
Niguedouille va !
Et puis les carottes c’est trop bon. Ça fait lapin même…Parfait et Odette lui en achètent des bio sur le marché de Kenfeunteun. Elle les épluche comme elle peut et les coupe en petits bâtonnets. Suzie adore picorer…une poule sur un mur, et le pain dur…
Elle a toujours ses vraies dents Suzie. Ben tiens croque et croque encore la vieille!
Tiens, v’là le Julien qui saute à tout va dans l’aquarium sans bulle. C’est que l’intello boutonneux vient de gagner…et l’autre là avec sa tresse et son rouge à lèvre qui file ? Ben elle a perdu la pauvre…pas assez de matière grise faut croire…Et en plus elle repart avec deux cents encyclopédies reliées au fil d’or, quelle veine !
Les bouffons ! Qu’elle se dit notre Suzie.
Bouffons de cirque médiatique…
Un étage plus bas sur le palier elle entend Gino et le grand costaud. Ils jouent à la bagarre on dirait…
Subitement, Suzie décroche des Leperseries, et replonge là où il faisait chaud et doux, il y a longtemps lorsqu’elle travaillait de ses doigts de fée. Sur la terrasse ensoleillée, l’ouvrage sur les genoux et les enfants qui se couraient après. Tournoiement perpétuel et éclats de rire infantile. Elle brodait toute la journée, c’était son métier : la brodeuse du village de la vallée.
Ses mains et ses yeux sont un peu fatigués maintenant, mais sans doute si l’on redonnait à Suzie du coton et une aiguille, nos regards seraient éclairés…de la dentelle, des fables et des légendes tapissées ; du rêve et des siècles passés pour les grands historiens ; de la magie et de la musicalité pour les petits galériens…Suzie a rendu des sourires, décoré des chambres à coucher, paré de vierges mariées, enturbanné de joufflus nouveau-né, recouvert de linceul doré…Suzie a piqué, piqué et repiqué…
Quand on aime on devient artiste, quand on vieilli on devient oublié, mais ce qui est brodé est brodé, comme une éternité enchantée…
Chut ! Suzie s’est assoupie.
Elle vous dira que non bien sûr, mais c’est à cause des Leperseries, elle ne tient jamais jusqu’au générique de fin, trop occupée qu’elle est à voyager dans son passé."