Charité Ordonnée Commence Par Soi-Même.

Publié le 23 février 2009 par Mélina Loupia
Tout de suite, là, j'ai envie de dire on se calme, on range les bras prêts à faire des moulinets et des sorties par la grande porte.
Je suis née comme toutes celles et ceux avant et après moi sont arrivés ou vont pas tarder, ( me fait flipper là, le reportage sur les bébés sur M6...), par d'autres voies que celles du seigneur, étant donné qu'on dit d'elles qu'elles sont impénétrables.
Par conséquent, j'ai jamais manifesté le désir de les pénétrer, et je remercie mes parents de ne pas m'avoir fait subir quelques mois après la sortie du grand bain une aspersion d'eau glacée qui sent la maison sans Rubson.
Par conséquent, je ne crois que ce que je vois et LE, je l'ai jamais vu. Ni ELLE ni tous ses saints.
J'aurais même bien troqué mon prénom par celui de Thomas tellement j'aime bien son walk of life.

Bref Dr Karev, comprenne qui veut, adhère qui désire mais pas de panique Davina, je n'ai absolument rien contre mes congénères qui ont besoin de se sentir chapeautés, guidés et aidés par l'homme invisible. Comme toujours, on est pas la pour la polémique et si elle doit avoir lieu, ce sera en privé ou ne sera pas, y a pas écrit "Ordures" sur la boite des commentaires.

Mais il faut avouer avec ce qui m'est tombé dessus hier, je suis bien contente d'être en phase avec ma non-croyance en quoi que ce soit.

Pour les deux qui restent, dont un prêt à me sauter à la gorge pour sacrifice, blasphème ou autre rituel sacré, je raconte.

Hier, dimanche, par hasard, 17h, tranquille le chat que j'étais à papoter avec la famille, voilà qu'on sonne.
Je me bouge pas plus que ça, puisque ici, on sonne 15 fois par jour et 14 fois, c'est les potes des enfants.
Mais là, la sonnerie, c'était pas celle d'un petit index de 9 ou 10 ans, c'était celle d'un adulte.

J'ouvre, et je tombe nez à nez avec un gros sac à dos, sac à dos, sac à dos, sac à dos, yeahhhhh attaché à un jeune, brun, mince, buriné étranger pas d'ici.

"Bonyoul, bous êtes Mélina?
-Oui, qué pouijé?
-Yé malche dépouis cé matin et yé floid et yé dois encol' fail' 66 kilomètles et on m'a dit qué vous sabiez où yé poulais passer la nouit.
-... Entrez, entrez."

En gros, c'était un jeune espagnol qui marchait, j'ai cru comprendre qu'il venait de très loin dans le ventre de l'Espagne et allait jusqu'à encore très loin de chez moi, à pied ou en stop et que l'abbaye où il avait passé la nuit l'avait gentiment prié d'aller enfumer ailleurs avec ses baskets toutes neuves et son sac à dos sac à dos, sac à dos sac à dos. Il cherchait donc refuge pour la nuit, asile, hospitalité quoi.
Un peu interloquée par sa présence pas du tout prévue au programme de cette fin de week-end, ni de vacances, avec tout ce que la soirée à venir comportait comme bordel, stress et autres insomnie de veille de rentrée, je lui propose d'emblée de lui faire passer la nuit dans la petite maison de ma toute aussi petite soeur au coeur du tout autant petit village.
Il accepte volontiers.
Je l'y conduis, lui allume le chauffage et lui demande de bien vouloir avoir l'obligeance d'être assez gentil de déposer les clés dans la boite aux lettres chez ma mère, juste à côté, merci, bonne nuit, je vous fais confiance?
"Oh mais si bous boulez, yé bous laisse ma calte d'identité", a-t-il répondu un peu froissé par ma réticence.

Je n'en ai rien fait, je suis remontée chez moi après avoir fait un rapide état des lieux du bout des yeux.
Deux lits, un buffet, une télé, un frigo, un évier et un escalier de meunier.
Rien qui, à priori, ne pouvait contenir dans son sac à dos, sac à dos, sac à dos sac à dos yeah.

"De toute façon, il brûlera dans les flammes de l'enfer s'il me pique un truc ahah" m'a rassuré ma petite soeur, dans sa toute bonté d'âme pure.

La nuit se passe, le matin survient et le doute Masaï.

Sur les coups de midi, je descends chez ma mère afin de trouver un frugal repas de l'heure dite et je lui retourne la maison pour trouver les clés de sa boite aux lettres dans laquelle j'espérais vivement trouver celles du gîte d'étape du pèlerin.
J'ouvre en tremblant le contenu de métal rouillé et j'en déloge le précieux sésame, dont je m'empare avec frénésie mais égale une certaine appréhension de ce que je vais soit trouver en sus, soit en débité dans cet asile d'une nuit.

"C'est bon, tout est nickel, propre, il a même laissé une bouteille de champagne vide, parce qu'il a pas trouvé le container à verre, donc un écolo soucieux du tri sélectif. Je suis contente tu vois, on l'a aidé, on l'a hébergé, on lui a fait confiance et il nous l'a bien rendu.
-... Euh, la bouteille de champagne, elle est à nous en fait, je l'avais laissée sur le frigo.
-Bon bé je te la jetterai en passant.
-Merci, mais en fait, elle était pleine à la base tu vois, la bouteille."

...

Il paraît qu'il faut donner et que Dieu le rendra.
Faut-il alors que je me convertisse pour récupérer la bouteille de champagne?