Amy s'agita et gémit faiblement. Ashley soupira de soulagement et prit ses mains, encore très pâle. Amy ouvrit lentement les yeux et les fixa un court instant sur le plafond, l'air hagard, avant de les tourner vers sa sœur, agenouillée à son côté :
« Est-ce que ça va, Amy ? Interrogea cette dernière avec anxiété.
- Oui... Oui ! » Répondit-elle en se redressant sur un coude.
Hébétée, elle regarda autour d'elle, rencontra l'œil étonné de Loïs, toujours assise sur le tapis, celui très inquiet d'Ashley, laissa glisser le sien sur la bibliothèque, le divan sur lequel elle était allongée... Puis fronça les sourcils :
« Aurais-je rêvé ? Marmonna-t-elle d'une voix étranglée. Je... Je ne comprends plus rien. Qu'est-il arrivé ?
- Tu as eu un malaise en voyant Jay, ma chérie !
- Alors... Je n'ai pas rêvé ? Avança la jeune fille péniblement, sans oser encore y croire. Il... Il était bien là ?
- Oui, Amy. Jay était bien là. Tu n'as pas rêvé ! »
Le visage d'Amy s'illumina comme une trouée de soleil, amenant une telle joie dans ses yeux qu'ils s'emplirent de larmes. Aidée par sa sœur, elle se mit sur son séant et dut poser sa main contre sa poitrine pour comprimer les battements furieux qui persistaient à l'étourdir.
« Oh ! Mon Dieu, Ashley ! Bredouilla-t-elle, suffoquée. Oh ! Ashley ! Je crois que...
- Je sais, Amy, ce que tu crois ! Interrompit Ashley, elle-même très émue. Dis-toi que c'est vrai, que c'est bien réel et que c'est là, enfoui dans ton cœur depuis très longtemps. Il est temps pour toi de ne plus en douter, Amy. Va maintenant, va le rejoindre. Il t'attend dans le couloir. Il a eu très peur.
- Ashley...
- Chut ! Tu m'as dit un jour : écoute ton cœur, Ashley, c'est lui qui a raison. Et j'ai entendu. Aujourd'hui c'est à mon tour de te dire : écoute ton cœur, Amy, c'est lui qui a raison. Entends-moi et va... »
Amy étouffa un sanglot et l'embrassa tendrement. Puis elle se leva et se dirigea d'un pas chancelant vers la porte. La main sur la poignet cependant elle hésita et se tourna vers sa sœur, comme perdue.
« Va, Amy ! La Rassura Ashley. Laisse parler ton cœur. Fais-le, pour toi, pour lui. Va ! »
Tremblante, Amy acquiesça d'un mouvement de tête et, après avoir respirer profondément, ouvrit le battant.
Jay Iravan faisait les cent pas dans le corridor sombre et marbré du premier étage, les mains derrière le dos, visiblement très agité. Amy s'arrêta sur le seuil, impuissante à mettre un pied devant l'autre tant son cœur dansait la sarabande dans sa poitrine. Pétrifiée, elle le fixait, les bras ballants, la bouche ouverte.
Leurs regards se croisèrent quand il pivota sur ses talons pour revenir vers la bibliothèque... Il s'immobilisa. Amy crut qu'elle allait à nouveau défaillir. Elle se retint au mur, la respiration coupée. Le sang quitta son visage. Je vais me trouver mal... Par pitié, non, pas encore, pas maintenant. Mais Jay sauva la situation. Avec un sourire radieux, il courut saisir ses mains et les baisa éperdument. Et elle se ressaisit instantanément, subjuguée par le plaisir intense qui la traversa entièrement à la seconde où il effleura sa peau.
Comme tout était clair à présent ! Ashley avait raison. Il fallait qu'elle laisse enfin parler son cœur. Toutes ces années où elle avait été sourde à ses appels, à s'en rendre malade... Alors Amy n'essaya plus de résister, hypnotisée par l'intensité extraordinaire du regard qu'il posait sur elle. Elle se blottit contre lui avec toute la ferveur dont elle était capable, priant le ciel pour qu'il l'enlace très vite avec la même ferveur... Ce qu'il fit sans aucune hésitation. Comme s'il savait. Comme s'il avait toujours su. Amy se mit à pleurer, ne pouvant libérer autrement la douleur du désir violent qui irradia dans tout son être. Dieu ! Qu'il était beau ! Qu'il était fort ! Qu'il sentait bon ! Elle n'avait même pas oublié son parfum. Jay Iravan, au bord des larmes, la serrait passionnément entre ses bras, trop bouleversé pour articuler une syllabe, trop heureux pour réfréner plus encore ce même désir. Depuis tant de temps.
Elle l'aimait. Elle le chérissait. Et il était fou d'elle. Elle le lisait dans ses yeux. Il le voyait dans son regard. Tout naturellement leurs lèvres s'attirèrent, se rejoignirent, se rencontrèrent, s'unirent, s'emmêlèrent, s'abandonnèrent, irrésistiblement...
Bien entendu, vous l'avez tous compris, il s'agit là d'un extrait de "Petite Lady". Nous approchons de la fin à grand pas. Mes personnages m'entraînent... Ma plume ne les retient pas. Jusqu'où l'emmèneront-ils? Et bien je ne sais pas. J'écris.