Tout d'abord, je tiens à remercier "Pseudo", venue commenter ici récemment et qui me permet aujourd'hui d'écrire l'article suivant. Son commentaire m'a fait réfléchir. A quoi donc ? A l'image que véhiculent les enseignants, à ce qu'on attend d'eux.
Tu as été vexée à propos de cette remarque sur ton orthographe ? Eh bien... Vexée est un bien grand mot... Disons que j'ai trouvé ça un peu... Tiré par les cheveux... Tu entends par là que ton orthographe n'est pas aussi catastrophique que le le laissait penser ce commentaire ? Eh bien... Je conçois tout à fait faire des erreurs mais si j'avais eu un niveau si déplorable, crois-moi, je n'aurais pas obtenu le concours ! C'est un argument valable...
Enfin bref. En fait, ce n'est pas sur mon orthographe que je me suis interrogée, mais sur l'image du professeur des écoles. J'ai reçu, parfois, des mails assez désagréables de lecteurs ne comprenant pas l'intérêt de nos conversations. Ils ont le droit, Mirabelle ! Tout le monde n'est pas forcé d'apprécier nos discussions ! Attends un peu la suite avant de monter sur tes grands chevaux... Certaines personnes se sont offusquées du ton humouristique et décalé de nos conversations (enfin, je ne sais si c'est ainsi qu'elles sont perçues par notre lectorat mais c'est du moins ainsi que nous les concevons...) venant d'un professeur des écoles. Ah... Est-ce à dire qu'un hussard de la République se doit d'être parfait, en toute circonstance ? Eh bien, c'est ainsi que je l'ai compris, oui...
Comme l'a dit Rosa Negra, avant d'être enseignante, je suis un individu. Bon. Si tu connais, toi, un individu qui soit parfait sur notre bonne vieille terre, fais-moi signe sur le champ ! Je ne pense pas que quiconque, sur cette terre, puisse prétendre au titre de perfection... Moi non plus. Bref. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne suis pas la même femme dans le cercle privé que dans le cercle professionnel. Dans le cercle privé, il peut m'arriver de laisser passer quelques fautes d'orthographe (nous y revoilàààà ! Tu vois que tu ne digères pas... Mais siii !) contrairement au cercle professionnel, où je suis extrêmement vigilente à l'égard de tout ce qui pourrait porter préjudice aux élèves. Par conséquent, tu relis plusieurs fois les documents que tu comptes distribuer aux enfants, tu prends garde à ton écriture, tu... Voilà ! Ne me coupe pas la parole, tu veux ? Pardon, Victor... Je disons donc que, consciente des responsabilités éducatives qui sont les tiennes en tant que professeur des écoles, tu traques la moindre de tes faiblesses dans le cadre de la classe ! Tout à fait. C'est bon, je peux reprendre la main ? Oui.
J'aimerais revenir un instant sur ma formation à l'IUFM. En fin d'année, on nous a souhaité bonne chance pour notre beau voyage vers la titularisation. On nous a demandé de composer avec nos faiblesses, en des termes qui rejoignaient à peu près l'idée suivante : nous devrons faire avec nos difficultés, les combattre en travaillant sur les domaines avec lesquels nous sommes les moins à l'aise (les mathématiques, en ce qui me concerne...). J'avais été surprise par cette réunion, Victor. Parce qu'on admettait que les professeurs des écoles, avant d'exercer leur métier, étaient des personnes, et en tant que personne, ils avaient leurs forces, certes, et leurs bêtes noires contractées tout au long de leurs propres scolarités. C'est quelque chose que j'ai apprécié. Vraiment. Parce qu'on n'essayait pas de nous faire passer pour les sauveurs de l'humanité. Les choses ont été dites clairement. Sincèrement. Honnêtement. Et tenir compte de nos appréhensions d'individus, de nos forces, de nos faiblesses, m'a donné encore plus envie de faire ce métier, parce que justement, on nous a fait comprendre que nous pouvions y arriver, quel que soit notre passé scolaire, nos lacunes etc. Le mot "perfection" n'a pas été prononcé. Et je t'assure que ça, ça donne la foi.
Bien sûr, cela ne signifie pas qu'on vous aie dit : "vous avez notre bénédiction pour ne pas en foutre une !". Non. Nous avons bien compris que c'est à force de travail et de persévérence que nous parviendrions à devenir de bons enseignants. Ne me fais surtout pas dire ce que je n'ai pas dit ! De toute façon, un enseignant consciencieux ne pourrait, de lui-même, pas se reposer sur ses lauriers. C'est une question de principe. La conception du métier, de sa responsabilité, de son utilité, est en jeu.
Tout ça pour dire que les instits', conscients de leurs responsabilités, sont juste des gens qui font leur maximum pour transmettre des savoirs correctement et pour se montrer dignes de leur fonction, avec exigence et rigueur. Enfin, ce n'est que ma façon de voir les choses, n'est-ce pas... Mais m'est avis que beaucoup de collègues la partagent...