Le Jaguar (2)
PARIS, 5 Août 2007
Au Roi du Café
Les dernières vapeurs de l’orage s’élèvent encore du bitume humide et surchauffé par la canicule des jours derniers. Les agents de nettoyage de la Ville de Paris balayent les feuilles et les branches que le vent a brisés sur les trottoirs. En ce plein mois d’août, on pourrait penser qu’il est encore tôt, pourtant, il est 8 heures quand Victor entre au « Roi du Café », à l’angle la Rue Max Dormoy et de la Rue Riquet. Il n’a pas dormi, les cieux ont fait bien trop de tintamarre. Bien qu’il ne se fasse pas au décor de l’endroit renouvelé, trop urban grunge à son idée, il continue à venir chaque matin y avaler d’une traite un breuvage noir et amer, avant de reprendre sa route. Il a connu le bistrot autrefois, avec ses flippers en fond de salle, et le garçon au col de chemise pas toujours net, qui le hélait et lui servait sa noisette. Cela fait bien dix ans qu’il ne prend plus de noisette mais un black bien épais. Il était encore marié à cette époque. Il habitait avec femme et enfants, la Rue Saint Christophe sur la Rive Gauche. Comme tout cela lui semble étranger et lointain. Le seul souvenir un peu plus familier que lui rappelle ce quartier, c’est le sourire d’Alix qui ne l’a jamais quitté, pourtant tant de fois repoussé aux tréfonds de sa mémoire… Alix… Une fois de plus, il la refoule d’un geste de la pensée, unique survivante d’un passé englouti dans sa folle vie d’aventurier malgré lui. En fond sonore, la radio diffuse un vieux tube d’ Eurythmics - « Here comes the rain again ». C’est de circonstance, car la pluie s’est remise à tomber, violente et incisive comme le sourire d’Alix qu’il ne parvient pas, à évincer. Il remonte le col de sa veste et rejoint sa voiture en courant, avant de démarrer en trombe, direction le périphérique avec au coeur un question lancinante « Qu’a donc fait Alix depuis toutes ces années ? »
La suite est ici…
Partager et découvrir