Jeudi 20 Novembre 2008
Hier je suis allé au CentQuatre. Enfin c’est beaucoup écrire, car nous étions à peine une dizaine à hanter ces anciennes pompes funèbres, où les dépouilles jadis, défilaient par milliers.
Il faut dire que ce nouveau temple de l’art néo post-bobo se dandine à deux encablures de mon habitation à loyer immodéré et qu’en bon Delanoiste respecté, il est vital pour moi de jouir enfin de cette culture asexuée.
Je longe la rue d’Aubervilliers; immeubles en ruine, vagabonds shootés au RMI et chefs d’œuvres en péril. J’arrive devant la bête; quarante mille mètres carrés de langages artistiques, d’expositions plastiques, d’artistes anonymes et d'étudiants-guides qui gagnent à être connu.
Beaucoup d’ateliers sont fermés ou pire carrément moches mais le Cent Quatre veut satisfaire notre quête du beau. Le lieu s'annonce pourtant spendide, il est de pierre, de ciment Portland et de béton armé. Parfois j’ai envie de sortir un pistolet à laser tellement je me sens dans un décor futuriste.
Mais l’heure est tardive, il n’y a pas un chat. L’art sort ses griffes sous mes yeux frigorifiés et même un conférencier blondinet à la toison or et feu n’arrive pas à me réchauffer.
Je quitte donc le 104, comme on délaisse un amant, avec l’impression d’un soir de n’avoir pas tiré le bon numéro.
Le Cent Quatre (Établissement artistique de la Ville de Paris) - 11 bis, rue Curial, 75019 Paris ; jusqu’à l’ouverture mi-octobre, Puis 104, rue d'Aubervilliers, 75019 Paris (01 40 05 51 71 - http://www.104.fr/