L es uns enseignent à
beaucoup psalmodier ; d'autres, peu ; d'autres, pas du tout, mais seulement à
prier, à se donner de la peine, à travailler de ses mains, ou à se repentir, ou
à faire quelque autre œuvre difficile. Quelle est la différence ? La réponse
est là : ceux qui, après beaucoup de peines et d'années, ont trouvé la grâce
par la vie active, enseignent à autrui comme ils ont appris, et ils ne veulent
pas admettre que d'autres puissent y atteindre en peu de temps par l'étude, la
miséricorde de Dieu et une foi ardente, comme dit saint Isaac. Trompés par
l'ignorance et la présomption, ils les blâment et affirment qu'agir autrement
qu'eux est une illusion et non une énergie de la grâce. Ils ne savent pas
qu'aux yeux du Seigneur, selon l'Écriture, il est aisé de donner soudain la
richesse au pauvre, et que le commencement de la sagesse, c'est d'acquérir
la sagesse, la grâce, dit le Proverbe. L'Apôtre reprend aussi ses
disciples qui ignorent la grâce, quand il dit : « Ne savez-vous pas que
Jésus-Christ demeure en vous ? Ou seriez-vous réprouvés ? », c'est-à-dire
incapables de progresser à cause de votre négligence ? Dans leur incrédulité et
leur suffisance, ils n'admettent pas les œuvres extraordinaires propres à la
prière, que l'Esprit accomplit singulièrement en certains.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (3/2)