VICTOR et ALIX

Publié le 26 février 2009 par Armelle N

Le Jaguar est devenu l’histoire de Victor et Alix.
Le premier chapitre a été retravaillé et corrigé.

Les dernières vapeur de l’orage s’élèvent encore du bitume humide et surchauffé par la canicule des jours derniers. Les agents de nettoyage de la Ville de Paris balayent les feuilles et les branches que le vent à brisés sur son passage. En ce plein mois d’août, on pourrait penser que l’heure est encore matinale tant la Rue Max Dormoy semble somnolente pourtant, il est 8 heures quand Victor entre en trombe “Au Roi du Café”, à l’angle de la Rue Riquet. Il n’a pas dormi, les cieux ont fait bien trop de tintamarre, il est d’humeur maussade. Bien qu’il ne se fasse pas au décor de l’endroit renouvelé, trop Urban grunge à son idée, il continue à venir tous les matins enfiler une tasse d’un expresso noir et amer avant de partir travailler. Il a connu le bistrot, autrefois, avec ses baby foot en fond de salle, et le garçon au col de chemise pas toujours net qui le hélait et lui servait sa noisette. Cela fait bien dix ans qu’il ne prend plus de noisette mais un noir bien épais. C’est une époque engloutie. Il était marié et vivait avec femme et enfants, sur la Rive Gauche, Rue Saint Christophe. Il soupire. Comme ce passé lui semble étranger et lointain. Le seul souvenir, un peu familier, que lui évoque ce quartier aux confins de la Porte de la Chapelle, c’est le sourire d’Alix… Alix, une fois de plus, d’un geste dérangé de la pensée, il la repousse au fond de sa mémoire. Il ne veut pas y songer… La radio diffuse en fond sonore un vieux standard d’ EURYTHMICS “Here comes the rain again”. C’est de cironstance car la pluie s’est remise à tomber, vive et incisive, comme le sourire d’Alix qu’il ne parvient pas, ce matin, à chasser. Il remonte le col de sa veste, sort en courant et s’engouffre dans sa voiture mal garée avant de démarrer en trombe en direction du Périphérique.

Victor, ce matin, a rendez vous avec Lucas Morvan, Directeur Général de la prestigieuse maison MORVAN Père & Fils. Les deux hommes se connaissent de longue date mais ne s’apprécient guère. Pourtant, une fois n’est pas coutume, ils ont décidé de collaborer. Les affaires sont les affaires, un point c’est tout!
L’orage est reparti de plus belle et sur le périphérique pourtant fluide, le temps du mois d’août, Victor roule au pas. C’est un déluge et c’est à peine s’il aperçoit le panneau indiquant la sortie Porte de Clichy. Heureusement, que les Morvan ont un parking en sous sol. Il ne sera pas obligé d’essuyer la sauce pour rejoindre Lucas dans ses bureaux. Il pense à Alix… Qu’est elle devenue ?
Il a croisé Lucas Morvan, il y a quelques semaines à l’Aéroport Roissy CDG. Celui ci rentrait d’un séjour de plongée sous marine mouvementée en Egypte. Victor débarquait en France à l’issue de deux années de pure folie passées à Montréal. Ils avaient été surpris de se croiser là. Malgré l’amertume réciproque, ils s’étaient serrés la main. D’entrée de jeu, Lucas lui avait annoncé avoir besoin de ses services. Il ne perdait jamais le nord celui là. Sa femme épuisée et ses marmots bruyants à ses côtés ne l’empêchaient pas de raisonner business. Victor était fauché. De femme en femme et d’escale en escale, il avait tout laissé, tout perdu. Les femmes sont des rapaces. Elles thésaurisent ces garces.. Il avait donc accepté de rencontrer Lucas quand celui ci aurait accompagné Madame Morvan et ses trois enfants dans leur fief en Bretagne, pour une fin de vacances plus paisible sous les embruns de la Côte d’Emeraude.
Entre Victor et Lucas avait glissé une ombre, un visage oublié… Alix et leurs jeunes années.