Gare montparnasse

Publié le 27 février 2009 par Armelle N

A la Gare Montparnasse, ce soir, Lucas attend ses parents de retour des Côtes d’Armor. Son père est agé et préfère,à présent, le chemin de fer à la route. Et dans la foule dense des départs et des arrivées de ce mois d’août, un regard, ce regard, son regard si vert, si clair. Il s’étonne de la reconnaitre ainsi car cela fait huit ou neuf ans qu’il ne la pas revue. Elle aussi l’a reconnu. Elle le toise et il voit flamboyer ses prunelles. Elle le hait, c’est une évidence. Comme il la comprend… Elle est resplendissante. Elle est plus mince comme plus élancée que par le passé. Elle a les cheveux plus longs. Ils sont ramenés dans sa nuque par une pince en écaille avec une habile négligence. Il songe qu’elle a désormais la cinquantaine dépassée mais contrairement aux femmes qui en vieillissant se maquillent davantage pour farder les outrages du temps, elle apparait nude comme disent les anglo saxons. Seul, est souligné son regard indomptable.
Il se souvient de la lumière dans ses yeux quand elle riait ou quand elle pleurait. Elle avait travaillé un temps avec lui. il la maintenait sous pression constante. Un jour, elle avait craqué, elle avait démissionné et l’oiseau s’était envolé. Il ne lui avait jamais pardonné et il avoue lui en avoir fait baver à distance… Finalement, il s’était comporté comme un salaud avec elle… Mais pouvait il revenir en arrière, la héler et implorer son pardon et sa clémence. Il la connaissait, elle lui cracherait au visage, là en public! Il aurait l’air fin.
Là dans la foule, altière, un sac de voyage à la main, il la regarde rejoindre le quai d’un TGV en partance pour Quimper. Mais où va-t-elle vraiment?  Subitement, il donnerait cher pour le savoir. Elle porte un simple blue jean et un pull over beige avec un col en V au creux duquel brille l’éclat frêle d’un zyrconium. Ce n’est pas un diamant, de cela, il est certain car en bijoux pour femme, il est passé expert. Son épouse, ses maîtresses lui coûtent la peau des fesses sur la Place Vendôme. Il a les moyens, alors au Diable l’avarice!  Il se demande pourquoi Alix,  si jolie, si féminine, n’a pas trouvé un mec capable de lui offrir un pendentif à mutliples carats… Pourquoi songe-t-il à de telles conneries alors qu’elle lui échappe, encore, happée par le flot des voyageurs…

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