méditation spirituelle XI

Publié le 27 février 2009 par Moinillon
O bjection. Dis-moi : jeûner, s'abstenir, veiller, demeurer debout, faire des métanies, pleurer, être pauvre, n'est-ce pas là une action ? Comment peux-tu dire, en avançant uniquement la psalmodie, que sans vie active il est impossible de tenir la prière ? Ces choses ne sont-elles pas des actions ?
Réponse. Si la bouche prie et si l'intelligence s'agite, où est l'avantage ? « L'un édifie et l'autre détruit. On a peiné pour rien. » Mais l'intelligence doit travailler comme le corps. Sinon on serait juste de corps, mais le cœur serait empli de toute acédie et de toute impureté. L'Apôtre le confirme : « Si je prie en langue, c'est-à-dire avec la bouche, mon esprit est en prière, et c'est ma voix, mais mon intelligence est stérile. Je prie avec la bouche. Je prierai aussi avec l'intelligence. » Et : « J'aime mieux dire cinq paroles », etc. Témoin — Jean Climaque. Voici ce qu'il dit : « Le grand artisan de la grande prière, de la prière parfaite, l'affirme : J'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, etc. » Il y a beaucoup d'œuvres, mais elles sont partielles. La grande œuvre englobante, la source des vertus, selon Jean Climaque, c'est la prière du cœur, par laquelle se découvre tout bien. « Il n'y a rien de plus terrible, dit saint Maxime, que la pensée de la mort, ni rien de plus grand que le souvenir de Dieu. » Il montre ici la transcendance de l'œuvre. Mais plusieurs, aveuglés par leur extrême insensibilité et leur ignorance, ont bien peu de foi et ne veulent même pas entendre qu'il y ait une grâce dans le temps présent.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou méditations spirituelles (3/6)