Dans la litanie des fermetures d’entreprises ici et ailleurs, je retiens celle du “Rocky Mountains News”, un magnifique quotidien d’information locale édité dans le Colorado. Un journal, ce n’est pas tout à fait une marchandise comme les autres, quoiqu’on en dise. C’est parfois un confident, et c’est souvent le dernier service public, un mot devenu bien mystérieux en ces temps de rentabilité à tout prix et à tout vent.
Loin du fracas, de la “pipeulisation”, ce journal “chroniquait” la vie quotidienne depuis presque 150 ans. Il aura résisté à plusieurs guerres, mais pas à ce dernier assaut des subprimes.
Une société, fût-elle engoncée dans les certitudes, a besoin de ces relais qui rendent les gens un peu plus proches les uns des autres. Lorsque l’avenir devient brumeux, on peut penser que le rôle du journal est encore plus important. C’est pourtant une marchandise particulièrement fragile, soumise aux aléas des annonceurs, des marchands de papier. Les entreprises de presse sont avant tout des entreprises de main d’œuvre. La presse va mal, en France et dans le monde, et pourtant, plus que jamais nous avons besoin de savoir, pour comprendre. Un journal qui ferme, de gauche ou de droite, ici ou ailleurs, c’est un peu de démocratie qui s’en va…
Je vous propose une dernière visite, en anglais, au Rocky Mountain News , dans le Colorado