Face à la crise, le “modern art” éthiopien prendrait-il des couleurs ? Ici Palabre a rendu visite cette semaine à l’artiste éthiopien Elias Areda. Comme la plupart des jeunes peintres récemment diplômés de la Fine Arts and Design School of AA University, Elias s’est installé à son compte, et tente de survivre à la crise, ne se contentant plus de placer ses toiles dans les désormais rares galeries de la capitale ou dans les expositions collectives qu’organisent de moins en moins souvent les grands hôtels. La tendance est à l’ouverture d’ “arts studio privés, entendez par là, de petites pièces aménagées dans les appartements exigus des artistes.
Face à la dépression qui gagne la filière commerciale de l’art en Ethiopie, les artistes s’organisent. L’inquiétude d’une précarité croissante paraît même les motiver. Elias, lui, ne se plaint pas et tente de surmonter les diffultés armés de ses pinceux. La dépression le stimule, décuple son pouvoir de création, le pousse à explorer plus loin encore les territoires de son imaginaire.
Un néon blanc suspendu à la verticale du chevalet, un poste radio-cassette d’un autre âge qui crache en boucle une compil de soul music et d’afro-beat, un amoncellement impressionnant de tubes d’huile usagés, un périmètre de 12 m2 à peine coincé entre quatres murs sans fenêtres… c’est là qu’Elias Areda, dans une sorte de tourment psychédélique et d’excitation permanente, fait naître ses femmes d’Ethiopie qu’il rêve de convertir à la réalité.
Sans titre, Elias Areda, Huile sur toile, 110X80, 2009
NJ