Enfance

Publié le 02 mars 2009 par Cameron

Dans cette maison-là, le temps était différent. A la fois rythmé et lent, lent parce que rythmé sans doute, comme un battement d’aile au ralenti.

Dans cette maison-là, les heures étaient une consistance, une matière mouvante et souple, de l’étoffe qui pesait sur les épaules.

Mais chaque heure durait un instant, chaque heure était une éternité, et jamais depuis le temps n’a eu ce goût de réel , cette odeur de possible qu’alors nous respirions.

Dans cette maison-là, les jours avaient un début, et pas de fin, et il suffisait d’y pénétrer pour que tout soit de nouveau pareil. Dans cette maison-là j’ai construit mon peu d’histoire figée, en toute inconscience, en toute innocence. Ce n’était rien. Des heures accumulées qui se ressemblaient d’année en année, des changements qui s’effaçaient dès le seuil franchi, des habitudes retrouvées avec le même plaisir que l’on croque un fruit de saison. Et du soleil dans la bouche, et de la joie dans le cœur, tout un répertoire d’instants patiemment collectés, réassemblés, bâtissant les murs de la mémoire. Ce n’était rien, sinon un chez-soi.

Dans cette maison-là, le foyer était une personne, et je ne le savais pas.