J'ai récemment été invitée à une soirée top chic classe de la mort qui tue (proute ma chère, quoi). C'était une soirée black & white passqu'un film en black & white était diffusé (et donc c'était une soirée oùsqu'il fallait être habillée en black & white, ce qui est somme toute plus facile que d'être habillée en pink & red, et puis les films d'après guerre en pink & red, ça court pas les rues).
Bref, j'ai eu à cette occasion l'opportunité, outre les petits fours et le champagne, de découvrir « les passagers de la nuit », un très chouette film de 1947, un peu démodé, mais ce fut passionnant de découvrir le cinéma de l'époque, les effets spéciaux foireux de l'époque et les amours torturées de l'époque.... Toute une époque !
Mais ce fut surtout l'occasion d'apprendre que ma petite ville que j'aimeuh d'amour organise régulièrement des séances de ciné « rétro », avec des vieux films à succès. Que du bonheur. En lisant le programme, j'ai fait des bonds de joie en découvrant la diffusion de « West Side Story », ce film que j'aimeuh d'amour comme ma petite ville depuis 25 ans déjà... et que je n'avais jamais vu sur grand écran of course. Rien que sur petite TV. J'ai donc décidé d'y remédier illico : moi la salle obscure et West Side Story comme en 1961.
Le soir de la projection venu, je suis excitée comme une puce dans un magasin de félins. Je ne tiens plus en place. Ça compense un tantinet le spectacle parisien que je n'aurai jamais vu. Ça fait des années que j'ai plus vu ce film, même si je l'ai en DVD, et je n'ai qu'un air en tête depuis le matin « Mariiiiiiiiiaaaaa (I just met a girl named Mariiiiaaaaa, and suddently that name, will never be the same to meeeeee »)...
Hantée par l'idée d'une foule de fans en délire qui squatteraient tous les sièges, m'empêchant de pénétrer dans la salle, j'ai fait en sorte que nous arrivions presque une heure en avance. Une heure durant laquelle nous nous promenons en ville, et durant laquelle je chante « Mariiiiia » à tue-tête, sous les regards médusés des passants. Enfin sous le regard médusé de la passante unique que nous croisons, car la ville est déserte, fort heureusement pour moi. « Mariaaaaaaaa... say it loud and it's there's music playing... say it's soft and it's almost like praying... Maria, I just can't stop singing Mariaaaaaaaaa ».
Il est 20 heures, West Side Story n'est plus qu'à quelques minutes de moi. La salle est bien remplie, et pas que par des vieux nostalgiques ou des vieilles hystériques comme moi, nan, y'a même des ados et des groupes de jeunes qu'étaient même pas nés à la naissance du film (comme moi, d'ailleurs, hein, non mais).
Avant le film, une (trop) longue présentation m'apprend néanmoins plein de choses que j'ignorais et m'enjoint à me concentrer sur le générique, pourtant un peu soporifique. Je me concentre comme demandé et je profite. Je suis en 1961, dans une salle hollywoodienne. Le film commence, l'écran est plein de parasites. L'image est vieillotte. J'adore j'adhère.
Rhaaaaaaaaaaa...
Que vous dire, ben rien. Passque si vous ne connaissez pas ou n'aimez pas de film, c'est peine perdue. Et passque si vous le connaissez et l'aimez, je prêche des convaincus. C'est que du bonheur, de l'amour, de jolis chants et de la danse. Romantique, drôle et dramatique. Un Roméo et Juliette moderne, avec une Natalie Wood (Maria) craquante, un Georges Chakiris (Bernardo) moulé dans des pantalons seyants et un Richard Beymer (Tony) dont je ferais bien mon casse-croûte.
Depuis lors je me repasse en boucle le CD du film, et je hurle « Mariaaaaaaaaaaa » dans tout mon appartement (la cavalerie ou le syndic risquent de débarquer), je pleure sur « tonight », je claque des doigts sur « when you're a jet » et je fais des pas de danse sur « in America ». Ne m'envoyez pas un psychiatre, je suis totalement saine d'esprit. Juste grisée et envoutée.
Et à nouveau addict de chez addict. S'il y a d'autres addicts namurois, qu'ils se fassent connaître, on pourra s'organiser des projections privées larmoyantes à souhait et des séances de karaoké délirantes.