Dieu est mort.
Sur le coup cela fait un choc c'est sûr, mais, miracle, ce n'était pas vrai. Dieu s'est réincarné lui aussi. Notez qu'il n'y avait pas de raisons.
Réincarné en Président qui plus est. Et parce que la France n'a pas manqué d'être le berceau de la démocratie moderne, c'est nous, peuple appelé jadis à voter, qui sommes devenu le ... peuple élu. Dieu est donc notre Président.
Cela change des rois fainéants précédent, c'est sûr mais question séparation de l'Eglise et de l'Etat on repassera... on pouvait cependant s'en douter en voyant le pouvoir politique faire main basse sur les médias, l'économie, les banques... forcément il fallait bien s'attendre à le voir prendre aussi en main l'Eglise.
Le côté bling bling du début de mandat tranchait bien avec les vénérables politiques du Secours Catholique mais il faut en convenir, "C'est là-haut que ça se décide. Alors on s'aligne. Je ne prends pas ça comme un affront, c'est un arbitrage" dit un ministre sûrement croyant.
Un arbitrage divin bien entendu, au royaume des cieux que Dieu emprunte allégrement pour tous ses déplacements.
Dieu a un fils évidemment et, comme l'autre, enfin comme lui, il l'a placé pour nous indiquer le chemin, en évitant si possible le chemin de croix... mais dans les hauts de Seine il y a tout de même moins de risque que sur les hauteurs de Jérusalem.
Dieu a un ange forcément, tout de douceur et de légèreté, venu d'Italie pour égayer ses longues soirées d'hiver. L'ange Carla pousse même la chansonnette et ne dédaigne pas les grands moyens marketing pour faire entendre sa voix impénétrable.
Dieu a des fidèles, trés fidèles, qui l'entourent de leur affection même en des endroits incongrus pour sa Souveraineté comme le salon de l'Agriculture...
Dieu a des apôtres qui relaye sa bonne parole avec application comme Saint Patrick qui fête moins la bière que la relance économique. "La France a en général sur le traitement de la crise deux mois d'avance sur les autres" déclame t'il avec gravité et confiance. Car avoir Dieu dans son équipe cela donne confiance voyez-vous, enfin, cela devrait. Mais le peuple impi ose afficher comme une forme de mécontentement voire de défiance. Dieu au plus bas des sondages, vous y croyez vous ? en même temps si vous n'êtes pas croyant...
Alors has been Dieu ? "Si j'étais usé, on ne ferait pas toutes ces couvertures sur moi" lâche t'il faussement modeste. Car Dieu ne peut pas être complètement modeste non plus, vous imaginez ? n'essayez pas. D'ailleurs depuis que Dieu est advenu, "l'Europe entière, le monde entier nous suit" peut il constater sur la gestion de la crise. "Le plan de relance? Ils nous suivent. Le plan automobile? Ils nous suivent", s'enflamme-t'il, assurant que "sur la stratégie économique, nous n'avons pas fait une erreur". Bah oui, mais c'est Dieu en même temps. Vous l'avez déjà vu faire une erreur vous ? lui non plus.
Il sait tout Dieu puisque c'est lui qui décide de tout. Il sait par exemple ce que veulent les gens :
"En période de crise, ce que les gens veulent, c'est que le capitaine mène le bateau, qu'il fasse le travail, qu'il prenne des paquets de mer sur les épaules et qu'il ramène le bateau au port". Cela dit quand on fait marcher son fils sur l'eau c'est tout de même plus facile de faire le malin en bâteau !
Il nous guide donc en mer ou sur Terre et dans le Ciel, Amen avec ce sens de la formule qui restera dans le grand livre assurément :
"J'aime les gens y compris dans un univers hostile, il y a toujours une façon de se parler" aime ainsi à rappeler l'auteur de Cassetoipovcon, un cantique devenu célèbre.
Ils n'en oublient pas ses priorités "C'est la vie, la concurrence. Je vais même vous dire mieux, moi, j'ai la concurrence dans les veines". Car le Seigneur doit faire face à d'autres prophètes Mahomet, Moïse, Obama, ce n'est pas aussi facile que l'on pourrait le croire.
Mais lui c'est le vrai, le seul, l'unique. En février 2007 il déclare à ses disciples "Moi je veux être le candidat du travail", en février 2009, 90 000 chomeurs rejoignent sa communauté, quelle prophétie !
Alors bien sûr Dieu est ambitieux, il a goûté un peu à l'Europe et veut conquérir le Monde. La France ? il est déjà passé à autre chose. Pour se simplifier la vie il va réduire notre pays à une seule collectivité d'un seul territoire gouvernée par une seule personne, lui-même.
En lice pour le prix Nobel de la paix, qui devrait tout de même lui revenir de droit, il parcourt la planète à la conquête de nouveaux adeptes. Certains diablotins l'accusent de choisir ses destinations ou de peu faire valoir ses propres convictions.
Mais Dieu s'en fout : il a été élu pour 5 ans, c'est court pour un Dieu mais il sait qu'il peut doubler la mise. Car Dieu est joueur. Pas toujours inspiré mais joueur.
"L'homme ne grandit pas quand la Nation décline" dit celui qui combat pour nous la crise. Avec son métre soixante-huit, il met quand même un peu en doute notre foi. N'est-il finalement qu'un demi-Dieu ? un héros de notre temps au destin extraordinaire. Mais attention ! par un passé mythologique, ces Héros étaient souvent tentés par la démesure et disparaissaient avec fracas. Me voilà devin !!!