Il est des choses inacceptables comme cet arrêt sur images, cette fin des choses telle un coup de canif, accroc irréparable dans le cours du temps devenu soudain définitif.
Toute une existence, des mots, des rires, des odeurs, des musiques, des touchers, des images, des souvenirs qui se figent, s'effacent et qui disparaissent à tout jamais.
Le noir, le silence, le vide, l'absence et puis le rien.
Où s'en vont les mots, les sens, les pensées, les plaisirs ? Où s'en vont mourir les regards, les souvenirs, les ambitions, les projets ? Où es-tu, toi que j'ai connu, toi que j'ai croisé, toi que je n'ai pas rencontré ? Et je reste là à ne pas savoir, à ne pas comprendre, à refuser.
Comment le monde peut-il tourner sans tous ces gens disparus, sans tous ces êtres pas encore là ?
Où donc étais-je ? Où irai-je ?
Je veux rester, je veux être au présent, je veux continuer sans plus bouger.
Arrêter le temps pour qu'il ne devienne pas rien, pour qu'il reste tout avec moi et pas sans.