Du litre de sans plomb à 1,70 euros, au tube d’ultra brite à 8,50, en passant par la banane qui fait 16 000 kms avant de revenir sur le marché de Point à Pitre.
Des aberrations qui sont le fruit d’un système économique douteux que personne ne peut contester sans être taxé à juste titre d’autiste, et dont tous le monde s’accorde à dire qu’il est à éradiquer d’urgence et à réinventer dans sa globalité.
On pourrait se contenter de ce constat pour légitimer l’action du LKP et boire les paroles de son leader, M. Domota.
C’est ce que fait la quasi-totalité des médias métropolitains, et, bien entendu, l’ensemble des récupérateurs patentés d’une opposition parlementaire et idéologique pour qui ce conflit est un calice inespéré qu’elle compte bien déguster jusqu’à la lie.
Mais ce conglomérat de censeurs affublés de leur costume de pompier pyromane se gardent soigneusement de faire état d’une réalité qu’il ne faut surtout pas entendre.
Car parler de pouvoir d’achat, d’emploi et de salaire dans ces territoires est une bonne chose à condition de tout mettre à plat.
Je comprends bien qu’il est contreproductif, pour des contestataires opportunistes qui ne cessent de s’étrangler de leurs cris d’orfraies, de rappeler que ces morceaux de France "oubliés" par la République, c’est 16,7 milliards de budget pour 2009, soit une rallonge de 900 millions par rapport à 2008, (auxquels viennent s’ajouter les 600 millions décidés la semaine dernière ), pour une population dont le PIB par habitant est 60% en deçà de la moyenne nationale.
C’est aussi une dépense publique par "oublié" qui est passée de 4200 euros à 5000 euros en seulement 2 ans, et une Europe qui s’est engagée malgré tout à injecter 4 milliards d’euros communautaires jusqu’en 2013.
Ils oublient allègrement aussi qu’ils ont laissé sans piper mot, faire de l’outre mer un réservoir de fonctionnaires à hauteur de 40% de la population active (dans les mêmes proportions, le Rhône à lui seul compterait 680 000 agents !) dont les émoluments sont revalorisés de 40 à 53% de ceux perçus par leurs homologues métropolitains, et ce, qu’ils soient titulaires ou non.
Mais aussi que ces majorations pour vie chère s’appliquent également à nombre d’autres secteurs dont les conventions collectives ont été revisitées. Ainsi un employé en hôtellerie domien voit son salaire rehaussé de 25% par rapport à son collègue marseillais ou brestois, celui du minotier de 50%, celui de l’ouvrier du pétrole de 25%, ou d’une cimenterie de 40%. Traitement qui est appliqué de la même façon à d’autres corporations comme les banques, les assurances et autres services juridiques…
On taira soigneusement aussi les allègements fiscaux consentis sur les revenus des contribuables d’outre mer, à hauteur de 30% (voire 40% pour les guyanais), autre réalité incontestable qu’il ne serait pas "politiquement syndical" de rappeler aux immondes descendants d’esclavagistes que sont les métropolitains bien à l’abri de leurs frontières hexagonales.
M.Domota, dont le pas à été immédiatement emboité par les habituels pique-assiettes de la contestation, s’est bien entendu empressé d’éluder ces questions en déplaçant rapidement le conflit sur le terrain racial et identitaire.
Et là, dans cet auditoire alangui composé des Besancenot, Bové, Taubira et autre Royal, personne pour relever que dans les revendications du sémillant syndicaliste il soit fait état de préférences identitaires dans les embauches et de l’obligation pour les entreprises de ne recruter que la main-d’œuvre guadeloupéenne.
Il n’y a pas si longtemps, pourtant, que les mêmes agités de l’éthique sociale tombaient dans les pommes de dégout à la seule évocation d’un ministère de l’identité nationale et chopaient des furonculoses en série, en écoutant Marine Lepen parler de préférence nationale.
Encore moins en entendant les commerçants expliquer à qui veut bien les écouter que les mêmes militants "pacifiques" n’hésiteront pas à transformer leurs boutiques en libre-service pour pillards s’ils ne se décident pas à baisser le rideau.
Classés négligeables également, par nos justiciers de l’ordre moral parisiens, les passages à tabac et autres agressions réservés à la "presse étrangère", c'est-à-dire les reporters de métropole (dixit Domota !), et la montée alarmante de cette hostilité envers les blancs que tout le monde sur place s’accorde à constater avec inquiétude.
Mais pas de ceux qui présentent un quelconque intérêt.
Ce qui compte, pour notre petit club de Zorro’s en goguette sous les tropiques, c’est de ramener dans leurs bagages le plein d’adhésion à leurs velléités révolutionnaires grotesques pour les uns, leur lot revigorant d’affichage médiatique déguisés en élans compassionnels pour les autres.
Le facteur ne s’en cache pas, il est venu dans les Dom-Tom récupérer la mèche qui a enflammé les Antilles et l’utiliser pour embraser le reste du pays.
Ca pourrait sortir tout droit d’un cerveau de ragondin, certes, mais ça a le mérite d’être clair.
L’érradiqueur de betteraves OGM, lui, est venu dans les îles faire la promotion de la révolte généralisée comme seule alternative à ce colonialisme rampant.
Quant à Ségolène Royal, pour qui les cérémonies funéraires font partie intégrante de son terrain d’action, elle n’allait pas manquer cette occasion de faire ses petites emplettes politiciennes avec dans sa liste de courses, quelques conneries déclaratives dont elle a le secret.
Gros patrons avides… Système néocolonialiste… Pouvoirs publics irresponsables… Ministres fantoches… Pourrissement organisé… Qu’on leur fasse payer !... 1789… etc, etc…
La bonne vieille litanie, évidemment parfaitement stérile, et qui n’a même plus le mérite de faire rire qui que ce soit.
A l’évidence, la crise que vivent les Antilles ne se résume pas par mes considérations, et le malaise est profond. Le taux de chômage alarmant qui y sévit n’est pas là par hasard, pas plus que la précarisation sociale qui s’y développe n’est un mirage.
Mais comme pour toute crise, il est vital de prendre en compte toutes les causes et leurs effets.
Se contenter de désigner un ou des bouc-émissaires comme seuls et uniques responsables d’un gâchis économique et social qui n’a cessé croitre pendant des décennies, c’est hypothéquer durablement l’espoir d’en sortir par le haut.
Mais que dire de l’action politique de ces trente dernières années, qu’elle soit nationale ou locale, qui a laissé ces territoires aux mains d’ogres businessmen qui les ont tranquillement essorés ?
Que dire surtout de ces élus sur place qui ne feront plus croire à personne qu’ils ignoraient les pratiques commerciales et industrielles hégémoniques en vigueur dans leurs départements, et qui ont laissé complaisamment ces cartels organiser leur razzia de parts de marché?
Comment envisager un avenir sain dans cette partie de France sans décider de mettre un terme définitif à cette gestion molle engluée dans ses immobilismes récurrents, avec comme seul traitement économique à son délitement progressif, les perfusions à hautes doses d’argent et d’administration publics ?
A qui peut-on faire croire raisonnablement qu’avec un minimum de volontarisme et de pragmatisme politique, il n’était pas possible pour les partenaires sociaux, d’extraire ces départements de cet assistanat pernicieux, de faire voler en éclat tous ces monopoles commerciaux et industriels totalitaires, et d’envisager un développement régional fort, diversifié et entreprenant en lien direct avec leurs ressources propres?
Comment a-t-on pu laisser perdurer impunément cette débauche de moyens d’un Etat présent partout, qui a contribué à cette spirale infernale qui veut que 40% de gens peuvent prétendre à vivre à peu près décemment, pendant que les autres subissent les défauts du système avec comme seule perspective de grossir les rangs des premiers cités ?
Mais que penser aussi de cette population qui refuse parfois d’en finir avec les rancunes d’un passé qui fera, quoiqu’elle en dise, partie de son histoire ?
Que dire de ceux qui continuent de cultiver cette haine du blanc en le cantonnant systématiquement dans le rôle du négrier, et qui considèrent encore que leur sont dues les largesses du contribuable rejeton d’esclavagiste, en réparation du sort funeste réservé jadis à leurs aïeux ?
Voilà bien des questions que les débiteurs de poncifs, de Demota à Royal en passant par les cohortes de gesticulateurs éclairés restés en métropole, feraient bien de se poser au lieu d’aller vidanger leur prose hasardeuse ou incendiaire dans tous les micros qui se tendent.
A défaut de les excuser, ça les élèverait…
Au lieu de ça nous allons nous diriger vers une sortie de crise, signer des accords et des compromis, et se jurer par tous les saints que les choses changeront.
Demain le LKP sera érigé en héros contemporain de la lutte des classes, son gourou reprendra sa petite propagande indépendantiste confortablement installé dans sont fauteuil de n°2 de l’ANPE locale, et tout le monde mettra son mouchoir sur les méthodes de voyous qui leur auront permis de faire cracher à nouveau l’Etat au bassinet.
Après demain, tout redeviendra comme avant…
L’anecdote se rappellera à peine du désastre économique de ces 40 jours de conflit, tout juste de Jacques Bino tombé sous les balles de quelques demeurés, et aura oublié les quelques vautours politicards alléchés par les effluves de l’insurrection, venu sous les cocotiers accrocher leurs serres sur une barricade encore fumante ou sur les poignées d’un cercueil à peine refermé.
Peut-être même oublierons-nous que ces derniers se seront comporté comme de tristes cons.