Le relais montmartre

C’est l’été indien sur Paris, et Victor a eu envie dès ce matin, de se secouer le corps et le mental. Il a cassé la gueule à un mec pour une histoire de gonzesse. Oui, et alors ? Cela ne va émouvoir personne, même s’il doit passer devant un tribunal. C’est juste un mauvais Vaudeville. Point à la ligne. Que risque-t-il ? Rien. Henri Morvan n’a pas envie de faire de vagues. Il le lui a assuré. Alors, Victor a jeté ses clopes et ce soir, il a décidé de marcher. On a annoncé des pluies torrentielles pour le weekend, autant profiter de cette jolie soirée. Il marche au hasard des rues de Montmartre. Il zigzague, perdu dans ses pensées. Il a décidé de passer par la Rue Constance histoire de voir si sa copine Irène est toujours dans le quartier. Mais on lui a dit que Irène s’était mariée et qu’elle avait cédé son fond de commerce. Cela ne fait rien, il veut vérifier. De loin, il voit que la boutique a été repeinte et l’enseigne a changé. Tant pis, il s’en doutait. Il maugrée. Que lui a-t-il pris de suivre Sylvia au Canada ? Il espérait quoi ? Sylvie, Sylvia… Elles se suivent et se ressemblent dans la vie de Victor. Les femmes, il les stéréotype. Si Irène avait été là, cela l’aurait distrait. BABA Cool, la grande Irène, mais elle aussi s’est mariée. C’est la vie qui est ainsi…

Victor se fige et d’instinct, se glisse dans l’encoignure d’une porte, à l’abri de la lumière des réverbères. Son regard fixe  le trottoir en face et la porte de l’Hôtel, Le Relais Montmartre. Un taxi dépose une femme en trench coat de couleur beige. ses cheveux roux sont  relevés sur la nuque et sa silhouette est celle d’une femme entre deux ages. Elle porte un sac de voyage et entre d’un pas vif dans le coquet établissement trois étoiles situé là. Le coeur de Victor bat la chamade, il jurerait qu’il vient de voir Alix…. Il va stopper le cannabis dès ce soir. Il a des hallucinations. Que ferait -elle dans un hôtel à Montmartre comme une vulgaire touriste. Elle n’est pas américaine même si elle cotoye des irlandais.  Sam lui a dit qu’elle était riche d’un hôtel, mais particulier, à Versailles et d’un manoir, certes délabré, mais un manoir quand même en Bretagne… Alors, pourquoi irait elle crêcher au Relais Montmartre ?
Il veut en avoir le coeur net et traverse pour approcher la fenêtre du rez de chaussée, éclairée  sur l’acceuil… Il est sidéré. La femme au comptoir, souriante, a chaussé des lunettes pour régler sa ou ses nuités, mais il la reconnait, c’ est bien Alix Désherbiers, veuve Acier de Pompignan, alias Câline de Saint Herbier…
Victor sent qu’il va perdre pied… Il s’éloigne vers la Rue Lepic. Là tout de suite, il lui faut des cigarettes mais aussi un cognac, cul sec.

Partager et découvrir