De ce qu’il y a là. – Dans le rêve le vieux marcheur me demandait si j’avais bien vu tout ce qu’il y a dans son désert, il disait mon désert et il insistait: mon beau désert, puis il se reprenait : notre beau désert, j’veux dire, et pour lui faire plaisir, comme je dormais, je lui disais qu’il fallait bien ouvrir les yeux pour voir notre désert, et qu’alors on voyait un beau désert plein de choses invisibles quand on dormait les yeux ouverts – mais quel beau désert nous avons là, lui disais-je dans mon rêve, sur quoi je me réveillais et je voyais alors tout ce que nous ne voyons pas faute d’ouvrir les yeux…
De l’inconséquence. – Tu ne peux pas dire IL FAUT ou ON DOIT sans rien faire: cela t’empêcherait de le faire que de le dire tous les matins de ton air volontaire, allons, assez de morale et de volonté: ne fais que faire mais au sens qui a du sens, allez: il faut vraiment - tu dois vraiment ne faire que faire ce que toi seul peux et dois…
De l’obstination. – Ils se demandent ce qu’il restera d’eux et tu souris d’un air entendu en retournant à ta table et tu te dis : c’est entendu, rien ne reste de Lascaux pour ceux qui ne l’ont pas en eux et si tu n’as pas en toi le bleu qu’on n’a jamais vu, jamais tu ne le verras, et du même air entendu tu écoutes la musique en toi et souris, une fois de plus, à cet air qui te survivra…
Image: Philip Seelen