Son chef de service l’arrêta dans le couloir alors qu'elle cherchait à l’éviter, comme d’habitude ; elle n’avait jamais aimé les chefs.
- Madame Duval, j’aurais quelque chose à vous dire.
- Oui, répondit-elle, étonnée qu'il lui adresse la parole.
- Monsieur Marchal m’a dit que vous aviez dit que j'étais un con !
Elle le regarda médusée. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle choisit le profil bas.
- Je vous assure que je n'ai jamais dit ça M. Dumontier, vous pouvez me croire !
Elle avait jugé que le "vous pouvez me croire" serait du meilleur effet.
- Si vous ne l'avez pas dit, vous l'avez pensé, je l’ai toujours lu dans vos yeux.
- Vous interprétez M. Dumontier, vous croyez lire dans mes yeux que je pense que vous êtes un con, alors que je n’ai jamais dit que vous étiez un con !
- Vous venez quand même de le dire deux fois !
- Pour clarifier les choses, répondit-elle agacée.
Il tourna les talons et s'engouffra dans son bureau en claquant la porte derrière lui. Cette porte, il la claquait au nez de son avancement, elle le savait Et à moins d'un recours auprès du chef en chef, elle était cuite. Il fallait qu’elle parle à cet abruti de Marchal. Depuis qu’elle lui avait retourné une gifle après une réflexion sexiste à son égard – « Voilà un petit cul à qui je ne dirais pas non » - il lui menait une vie noire.