Des paradis bien incertains

Publié le 02 mars 2009 par Fuligineuse

Eden à l’Ouest

Quarante ans après « Z », le film qui l’a fait connaître en France, le réalisateur Costa-Gavras, toujours engagé dans de justes causes, s’attaque à un sujet d’actualité : l’immigration clandestine. Au début du film, son héros, Elias, est en Méditerranée, dans un de ces bateaux pourris qui amènent vers les pays réputés plus heureux leur cargaison de chair fraîche. Le navire est arraisonné par les garde-côtes, Elias saute à l’eau, nage toute la nuit et échoue… sur la plage d’un hotel-club de vacances, où (à sa grande stupéfaction) la nudité est de rigueur.

Ces premières scènes donnent le ton du film, qui ne manque pas de cocasserie même si souvent celle-ci peut avoir un goût un peu amer pour le protagoniste. Elias s’est donné comme but de monter à Paris, et il y parviendra après bien des vicissitudes, n’échappant souvent à la capture que par la vitesse de sa course et, parfois, un coup de pouce du hasard. Beaucoup de gens vont l’exploiter sans vergogne, d’autres vont l’aider, pas toujours sans arrière-pensées. Il faut dire qu’Elias est sacrément beau garçon, avec ses yeux clairs, ses cheveux noirs et bouclés, sa peau dorée. Alors, bien sûr…

Elias finit par atteindre la capitale, avec l’aide notamment d’un compatriote désabusé, qui, lui, a choisi de repartir : galère pour galère, autant retourner au pays. Quand le film s’achève, on voit le héros, après une ultime déception, remonter une avenue près de la place de l’Etoile, en marche vers un destin qui reste incertain.

Un bon film, même si comme le dit l’ami Berlioz, « je ne pense pas que ce film fera avancer quoi que ce soit dans la vie des immigrés, clandestins ou non, mais il permet sans doute plus facilement de se mettre dans la peau de l'un d'entre eux ». Pour ma part, une chose m’a paru gênante, car elle nuit quelque peu à la crédibilité de l’histoire : c’est le fait que le pays d’origine d’Elias n’est jamais nommé (Son nom a une consonance grecque, bien que le prénom grec "Elie" se prononce en fait "Ilias"). Mais par ce choix, Gavras renoue avec Z, où sa Grèce natale, là non plus, n’était jamais désignée, bien que l’histoire fût pour tous transparente.

Fuligineuse

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