J'ai toujours été fascinée par les filles qui se maquillent dans le métro. Déjà, parce
qu'il y a comme un culot, pour moi, à se poser là et à sortir sa trousse de maquillage, pleine d'accessoires de torture, du recourbe-cil au coupe-ongles (malheureusement oui, j'ai déjà vu des
demoiselles le faire dans le métro), et à se tartiner la figure de crème, fond de teint et autre poudre, avant d'appliquer d'un geste allongé le ricil et autres touches de rouge sur les lèvres.
Sincèrement, à part le gloss ou la retouche poudre, je ne pourrais pas le faire. Déjà parce que j'ai remarqué que lorsque je me maquille, c'est plus fort que moi, je fais des grimaces. Et surtout
parce que pour moi, se maquiller, c'est un rituel intime, personnel, que je n'ai pas envie de partager. Chaque étape, chaque choix de couleur se fait en fonction de mon humeur du jour, de mes
vêtements... Me maquiller dans le métro, à la va-vite, sans cette pause particulière (et pourtant, je ne suis pas une afficionado du super maquillage de pro, je ne suis pas les étapes, je le fais
comme je le sens) me paraît inconcevable. Alors quand je vois ces filles, qui déballent leurs accessoires de maquillage, je scotche. Je ne peux plus décoller mon regard et je scrute, avec une sorte
de passion, leurs techniques, leurs gestes précis (ou bousculés selon le conducteur). Parce que voila, vous le savez à présent, j'ai ce petit côté voyeur, et en les regardant se maquiller, j'ai
l'impression qu'elles partagent avec moi, et les autres, un moment important de leur intimité et leur féminité. Et je trouve ça beau.