« T u es un ouvrier, dit Jean
Climaque. Ce que tu lis doit regarder l'action. Cette œuvre rend superflue
toute autre lecture. » Ne cesse de lire des livres sur l'hésykhia et
la prière, tels l'Échelle, saint Isaac, les écrits de saint Maxime, du
Nouveau Théologien, de son disciple Stèthatos, d'Hésychius, de Philothée le
Sinaïte, et de tout ce qui, ailleurs, est du même ordre. Mais laisse les autres
écrits jusqu'à ce que vienne le temps, non qu'il faille les rejeter, mais ils
n'ont pas le même but. Ils portent l'intelligence vers ce qu'ils cherchent, et
ils la détournent de la prière. Que ta lecture soit solitaire, dite d'une voix
sans emphase, sans éloquence recherchée, sans élégance de langage ou de
modulation, sans sortir de toi de manière passionnée et inconsciente, absent là
où tu es, pour plaire à quelques-uns, et sans être non plus insatiable, car
toute mesure est excellente. Lis sans rudesse, ni lenteur, ni négligence, mais
modestement, doucement, posément, de manière compréhensible et harmonieuse,
avec ton intelligence, ton âme et ta raison. L'intelligence en est confortée.
Elle reçoit en elle la force de prier intensément. Mais dans les conditions
contraires dont nous avons parlé, elle ne peut trouver qu'obscurité,
relâchement et trouble. La raison finit par donner mal à la tête, et elle est
épuisée pour la prière.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (3/11)