Etant donné que mes filles sont chez le papa, et que ma vie toute seule en arrêt maladie pour angine n’est pas des plus palpitantes, forcément, j’ai des moments de pure nostalgie…
Nostalgie de moments.
Ces moments, que je vis depuis quelques mois avec suffisamment de recul pour en profiter pleinement, sans le stress des horaires à suivre. Ce recul qui me permet de regarder mes amours grandir. Simplement. De les regarder s’épanouir. De les regarder être heureuses.
Mes filles sont heureuses, vraiment heureuses. Dans une famille jusque-là bancale, monoparentale.
Elles ont compris. Et elles le vivent bien. Elles vivent bien le fait que maman a un amoureux et que papa a deux amoureuses (Oui, oui ! La grande classe n’est pas donnée à tout le monde… Mais chut ! Pas de commentaires là-dessus ;o)
Lorsque j’amène ma grande à l’école, que je l’aide à déposer ses affaires dans la classe et qu’à trois pas de la classe de garderie, je la rappelle pour le dernier bisou, parce qu’elle est confiante, qu’elle est déjà passée à autre chose et qu’elle est ravie d’y aller… Je lui fais alors son dernier bisou et je sens dans son cou, son odeur. Celle qui m’a fait défaillir la première fois que je l’ai tenue dans mes mains, petite boule chaude et visqueuse, à peine sortie de moi…
Ensuite, j’amène ma petite à la crèche.
Nous sommes toutes seules et je dois dire qu’avant je n’avais jamais, jamais de moments juste avec la petite… ça commence donc par 5mn dans la voiture en attendant l’ouverture de la crèche. Là, en général, elle me demande la musique du « Roi Lion », elle veut « Simba » et « Hakuna matata ». Et elle me demande ensuite « chante, maman, chante ». Et c’est parti, je lui fais les voix et elle se marre.
Puis, lorsque le volet roulant de la crèche s’ouvre, elle me dit « on y va, maman, on y va », et c’est parti, je la détache du siège, j’attrape ses changes et zou, on s’engouffre. Au moment de lui enlever le blouson, elle me dit « la culotte, maman, la culotte et les collants ». Me signifiant qu’elle souhaite « faire la grande ». Elle se met debout sur la table à langer et tape des pieds en riant, tellement elle est contente et fière. Je lui retire la couche, lui enfile l’instrument des grandes. Et lui demande si elle a envie de faire pipi. « Oui, maman, caca, maman » (qui veut dire pipi chez elle !!!) et zou, sur le pot pour un gros pipi. On applaudit et on rit, ses boucles châtains s’agitent en même temps. Elle rit et elle est belle. Sa petite bouche bien dessinée se referme et elle reprend son petit air sérieux. Celui qu’elle a depuis sa naissance. Presque les yeux froncés…
Je la rhabille amoureusement et l’accompagne dans la grande pièce. Je lui fais un dernier câlin, elle me serre dans ses bras, refusant de me lâcher. J’insiste, la nounou présente m’aide et la récupère. Puis l’accompagne à la fenêtre.
Et là, je fonds.
Je me mets derrière la vitre, ma petite, debout sur le rebord, de l’autre côté, dans les bras de la nounou, le large sourire mêlé de rires, elle agite ses petites mains aux poignets dodues qui me montrent encore un peu, le bébé qu’elle finit d’être, et cette joie qu’elle a de se trouver simplement là, de cueillir les baisers que je lui tends, les sourires que je lui donne pour mieux commencer sa journée « sans moi ».
Et alors, je peux partir en paix vers mon « drôle » de boulot.
Et je sais alors, que j’ai bien fait de virer la nounou et d’offrir à ma petite, un peu de sa maman juste pour elle, comme Anaïs m’a eue, bien davantage que sa sœur.
C’est un vrai équilibre que je commence à atteindre, maintenant.
Maintenant que mon cœur est plein de Phin.
Maintenant que je laisse si bien vivre la femme.
Cet équilibre est encore un peu chancelant, parfois, il n’est pas si facile d’abriter un Taz…
Et je peux dire que depuis quelques mois, je suis bien meilleure mère et je n’aime mes filles que bien mieux.
Mes filles me manquent. Beaucoup.
Et c’est très bien comme ça…
;o)