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Je me relève

Publié le 04 mars 2009 par Unepageparjour

Pour lire le début de Nono

Je me relève, confuse, prête à soutenir la force de l’homme qui marche vers moi, à pas lents et lourds, terrassant les hautes tiges de ses poings terribles. Nous sommes face à face. Les autres, restés autour de la bête, nous laissent maîtres de la scène.

« Que fais-tu, Nono, ici, couchée sur la terre, derrière nous ? » Sa voix reste douce, malgré la fureur qui jaillit de ses yeux.

Je sens Rio qui s’agite contre mon flanc. Je crains ses pleurs.

« Je voulais voir les bêtes sauvages. Je voulais m’inspirer de ce décor, m’imprégner des formes et des mouvements. »

Hack se rapproche encore. Sa respiration rauque et profonde gronde près de moi comme les entrailles de la terre, quand le tonnerre s’abat avec fracas sur notre monde.

« As-tu pensé à ta sœur ? à Klo, dont nous n’avons plus de nouvelles depuis plusieurs jours ? Les hommes du fleuve nous menacent. Ils pourraient t’enlever, te torturer. Veux-tu disparaître, toi aussi ? Es-tu inconsciente ? »

Je garde la tête haute, malgré la tempête et les reproches. Rio se met à gémir.

« Qui garde le feu ? »

« Il y a d’autres femmes », tenté-je de répondre.

« C’est ton travail, Nono, en l’absence de Klo ! Les autres ont d’autres tâches ! »

Les poings de Hack vibrent, au bout de ses bras tendus. Je pense à la bête morte, un peu plus loin. Malgré moi, des frissons de peur montent le long de mon échine. Rio gémit de plus en plus.

Alors, lentement, j’entrouvre ma toison de louve et offre à l’homme ma peau brillante. Je me presse contre lui, contre son torse bombée, épais, rouge encore du sang du taurillon. Sa force mâle, sa vigueur devient plus intense, encore. Mais ses poings se relâchent, ses mains s’ouvrent, ses paumes se posent sur mes hanches de mère. Il me prend d’un seul coup, contre la terre. Rio roule, pendant l’étreinte, et lance un long pleur, de rage, sans doute. Les hommes, alertés, nous entourent, abandonnant la bête. L’un deux, le plus vieux, s’approche de moi, attiré par mon ventre chaud. Mais Hack le repousse ; son poing frappe le front du vieillard, dans un grand bruit d’os fracassé.

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