De la surprise. – De Dieu mais tu vois ce que je vois ce matin dans les rues de ce matin et sur les places de ce matin et aux guichets de ce matin : j’en crois pas mes yeux, non mais je me pince, et sur les arbres de ce matin, et le long du fleuve et des heures de cette matinée, t’as déjà vu tout ça toi, et là dans les snacks et les cantines, et là-bas dans les hostos de midi et les baraques de l’asile, et l’après-midi les enfants dans les jardins municipaux, non mais dis-moi pas que t’as déjà vu ça…
De la répétition. – Si les redites t’embêtent, ne cherche pas midi à quatorze heures : c’est qu’elles sont embêtantes ou que c’est de ton côté, mon pauvre toi, que ça manque de répondant vu que tu t’embêtes au lieu de chercher, justement, midi à quatorze heures en prétendant qu’il n’y a pas de miracle et que tout se répète depuis la nuit des temps, tandis que le miracle est de retrouver midi à quatorze heures et le matin en fin de soirée et ton enfance dans la nuit noire avant que toute ta vie te revienne à ta dernière heure…
De l’étincelle. – C’est une question de détail voyez-vous, cela tient à presque rien, le courant passe ou ne passe pas, c’est une question d’attention, c’est cela : c’est une question d’attention qui exclut le regard en croix ou en diagonale, comme on dit, en fait il n’y a que le détail d’intéressant pour autant qu’on le rapporte à La Chose dans son ensemble, voilà ce que je voulais dire : l’important c’est La Chose, tu prends le livre, c’est La Chose, et le détail c’est l’important de La Chose...
Image: Philip Seelen.