S ois attentif à examiner
précisément à toute heure où te porte ta résolution, si elle mène selon Dieu à
ce bien qu'est l'hésykhia pour l'avantage de l'âme, ou à la psalmodie,
ou à la lecture, ou à la prière, ou à l'œuvre des vertus semblables, afin de
n'être pas dévasté sans le savoir si tu te trouvais n'être ouvrier que pour la
forme, et voulais, dans ton mode de vie et tes pensées, plaire aux hommes, et
non à Dieu. Car les pièges du malin sont nombreux. Au plus profond du secret,
ignoré de la plupart, il voit le penchant de la résolution, et ne cesse de
vouloir dévaster l'œuvre sans qu'on le sache, afin que ce qui se fait ne se
fasse pas selon Dieu. Quand bien même mènerait-il contre toi un combat
inflexible et surviendrait-il effrontément, toi, sûr de ta résolution devant
Dieu, ne te laisse absolument pas dévaster, même si l'impulsion de ta volonté,
forcée par le malin, te pousse à t'égarer malgré toi dans la rêverie. Il se
peut, et la maladie aidant, qu'on soit vaincu sans le vouloir. Mais on est vite
pardonné et encouragé par Celui qui connaît les résolutions et les cœurs. Cette
passion, je veux dire la vaine gloire, ne laisse pas le moine avancer dans la
vertu, mais il reste avec ses peines, et il atteint la vieillesse sans porter
de fruits. Elle peut toujours toucher les trois — le novice, le moyen et le
parfait — et les dépouiller de l'œuvre des vertus.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (3/12)