Je dis, pour l'avoir appris,
que le moine ne pourra jamais progresser sans ces vertus : le jeûne, la
tempérance, la veille, la patience, le courage, l'hésykhia, la prière,
le silence, le deuil, l'humilité. Car elles s'engendrent et se gardent les unes
les autres. Le désir consumé par le jeûne continuel enfante la tempérance. La
tempérance, la veille. La veille, la patience. La patience, le courage. Le
courage, l'hésykhia. L'hésykhia, la prière. La prière, le
silence. Le silence, le deuil. Le deuil, l'humilité. Réciproquement, l'humilité
enfante le deuil. Et revenant en sens inverse, tu découvriras comment les
filles, à leur tour, enfantent les mères. Entre les vertus, aucune n'est plus
grande que cet enfantement réciproque. Car tous voient alors très clairement
leurs contraires.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (3/13)