Psssssst, vous là. Oui, vous. Approchez. C'est moi, le rrrrrat, le mulot, la grosse souris grise, le campagnol domestique, le rongeur bavard.
Oui, j'ai deux guerres de retard, enfin plutôt une année, mais c'est la faute à l'Anaïs. Elle voulait pas que je lui vole la vedette, alors elle m'a littérrrralement interdit de parler de MON année : l'année du rrrrat.
Et maintenant, c'est plus mon année. Finie, terminée, évaporée.
Mais je l'ai ligotée, l'Anaïs, et enfermée dans ma cage, le temps de vous rédiger cette bafouille, passque j'en ai marre d'être traité comme un rrrrat. Voire pire.
Passque nous, les rrrrats, nous le valons bien.
Donc, pendant qu'elle se débat dans la cage, digérant tout ce qu'elle a ingurgité, je mate les bonus de Ratatouille.
Et c'est génial, car moi et mes congénères (ou mes congénères et moi, comment on dit Anaïs, argh, elle a un foulard sur le museau, j'oubliais) à l'honneur d'une façon incroyaaaaaap, dans une spéciale « rrrrat » : « notre ami le rat » que ça s'appelle.
Tout un programme.
Je vous fais un résumé ?
Comment ça non ?
Comment ça vous préférez le blabla de l'Anaïs ?
Savez-vous que la peste de la puce du rat a tué le tiers de la population européenne ... c'est dire le pouvoir des rrrrats.
Lààààà, voilààààà.
Vous devenez raisonnables.
Je vous fais un résumé ?
Ouiiiiii ?
Je savais que je susciterais votre enthousiasme.
Donc, nous sommes sacrés dans certains pays. Si si, je vous jure. En Inde par exemple. Voilà où je passerai mes prochaines vacances.
Les romains pensaient que le rrrrat blanc portait bonheur, et le noir malheur. Et un rrrrat noir et blanc comme moi, hein, ça portait malheur ou bonheur ? Bonheur tiens, passque quand je vois le bonheur que l'Anaïs retire de ma compagnie, ça peut être que du bonheur.
Le rrrat noir s'est répandu en Europe comme une trainée de poudre, après les croisades. Il a amené la peste via sa puce (tremblez citoyens), il n'en est donc pas responsable, qu'on se le dise. C'est la puce la vilaine. Ça suffit de nous accuser injustement, non mais. La puce, à défaut de rat, s'attaquait à l'homme et le contaminait, keske j'en peux hein, moi ? Un tiers de la population européenne, et un tiers des rrrrats au moins, périrent. C'était en 1300 et quelques, j'ai pas la mémoire des chiffres (qui a dit « cervelle de rat » ? que je lui crache une puce imbibée de peste noire au visage)
Ensuite, arrive le rat brun, de Norvège (faux, mais on l'a longtemps cru), de Chine (vrai). Et il chasse le rrrat noir ailleurs. Il prend sa place. Cette arrivée de Chine explique notre place de choix dans le zodiaque chinois, of course : la première, de place.
Voilà pour l'histoire. Bref, concis, passionnant.
Je continue ? (songez à la peste bubonique avant de répondre).
Que vous dire de plus sur mes congénères et moi-même ?
Nous sommes très utiles, passque nous mangeons les déchets (un/dixième de notre poids par jour). Vous préférez les manger vous-mêmes, vos déchets ? Ah, vous voyez : utiles.
Noss dents peuvent détruire presque tout, même l'acier, et notre morsure a une puissance de cinq tonnes au centimètre carré. Elle sait pas le risque qu'elle court, l'Anaïs, quand elle me titille le bide de ses petits doigts ressemblant à des saucisses Zwan.
Nous pouvons nager trois jours sans nous arrêter. L'Anaïs elle a son brevet de ... vingt-cinq mètres, me faites pas rire j'ai le museau gercé.
Nous pouvons nous glisser partout, une fois que notre tête passe, le reste suit. Essayez une fois de faire passer l'Anaïs dans un trou du diamètre de sa tête, mais attention au fou rire une fois que le bide devra passer.
Chaque couple peut engendrer 15000 descendants. Là, je me moquerai pas d'Anaïs, ça serrrait pas bien. Et puis j'ai pas de descendant, donc je suis solidaire avec elle. Voilà.
Bon nombre de mes congénères ont survécu à des essais atomiques, hé, coriaces hein. Par contre, sur ce coup-là, les humains sont vilains avec nous, mais vous le saviez déjà.
Nous sommes malheureusement utiles pour la recherche scientifique, car biologiquement très proches de l'homme, et les traitements sont testés en moins de temps sur nous que sur l'homme. Vilains humains je disais. Mais si ça peut sauver l'Anaïs de tous ses maux, le sacrifice en vaut la chandelle.
Mes copains ont voyagé dans l'espace. Un petit pas pour le rat, un grand pas pour l'humanité. Anaïs est toujours dans la lune aussi... mais uniquement virtuellement.
Voilà, j'ai fini.
(qui a dit ouf ?)
Je vous autorise à imprimer cette petite élocution sur bibi et mes zamis, et à l'offrir à vos enfants pour un prochain travail. Passque nous le valons bien, je l'ai déjà dit. Sommes petits, rigolos, utiles, jolis, gentils et tout doux.
Allez, je vais la libérer, promis.
(Inspiré du bonus de Ratatouille - production Walt Disney, qui a créé la souris Mickey, peuh, rien qu'une souris).