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La crise selon Claude Bébéar

Publié le 05 mars 2009 par Voilacestdit

Je souhaite réagir à l'interview de Claude Bébéar parue dans le Figaro de ce jour jeudi 5 mars sous l'intitulé en première page : "Crise financière : les quatre vérités de Claude Bébéar", repris en page intérieure dans les feuilles saumon sous cette en-tête : "Claude Bébéar dénonce 'la cupidité et la perte de bon sens de tous les acteurs du système' ". Suit un texte qui remplit un peu plus d'une demi-page du Figaro.

Mr Bébéar, comme on sait, n'est pas n'importe qui. Il a la réputation d'un "sage",  retraité de la présidence du conseil de l'assureur Axa, qu'il a jadis fondé. Il réagit ici aux problèmes que connaît en Bourse l'action Axa, durement attaquée depuis la publication des résultats, il y a deux semaines.

Question du Figaro : Faut-il y voir le reflet de la crise ? Là-dessus, Bébéar nous livre ses commentaires et on peut lire dans le corps de l'article qu'en effet il dénonce "la cupidité et la perte de bon sens de tous les acteurs du système". Bien. Mais encore.

Je me pose de prime abord deux questions - mais on y reviendra : 1] N'y a-t-il pas mélange des genres à évoquer la "cupidité" [vocabulaire moral] quand il se pourrait bien qu'il s'agit de logique financière pure et dure ?  [2] Bébéar dénonce la cupidité et la perte de sens de "tous" les acteurs du système : que ce soit un système, oui ; mais tous les acteurs ? Méfions-nous des généralisations, qui pourraient bien dispenser de rechercher de plus près les vraies responsabilités. Ce n'est plus l'arbre qui cache la forêt, mais la forêt qui cache l'arbre.

Le contexte, on l'a dit, c'est la chute des cours de la Bourse. Bébéar explique donc ainsi la cause principale de cette chute :

a] La Bourse réagit [négativement] à des [mauvaises] nouvelles qui n'en sont pas, car elles étaient attendues, donc sans surprise.

b] Il n'est pas surprenant qu'AIG [assureur américain concurrent] ait perdu 60 milliards au 4ième trimestre, car, dit Bébéar, cet assureur est sorti de son métier "par goût du lucre" [qu'en termes choisis ces choses-là sont dites ! Traduisons : par recherche du profit à tout prix] que son métier de base [l'assurance] ne lui apportait pas au même niveau. Mêmes causes mêmes effets, poursuit Bébéar, chez Citigroup, qui a également énormément développé des produits "toxiques".

c] Comment a-t-il été possible de développer ces produits, dits "toxiques" dans le langage fleuri des financiers, à l'origine des déconvenues actuelles ? Bébéar répond : C'est la faute à la comptabilité. Et d'expliquer que les normes comptables permettent bien des choses... Bébéar ne va pas jusqu'à dire pour produire de faux bilans, mais il aurait pu aller jusqu'à le dire.

[Sans entrer dans le détail, un peu indigeste, disons que les normes comptables, plusieurs fois remaniées, permettent ce miracle, par la magie de produits virtuels, de débarrasser les bilans de passifs gênants, permettant ainsi de présenter le plus légalement du monde des résultats glorieusement positifs... faux ! On connaît la suite de l'histoire.]

Voilà donc résumée l'analyse de Bébéar. Restons-en là et commentons. Le sens de mon commentaire : Encore un effort, Mr Bébéar !


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