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La maîtrise de soi en trois actes

Publié le 07 mars 2009 par Annonymise
Ils sont arrivés. Le grand voûté pousse une brouette dans laquelle je vois l'objet électrique, rouge terrifiant, les dents en acier trempé dans un bain de soleil radieux actif. J'ouvre la porte. La longue tige humaine roulante s'éloigne, le regard vide ou jamais rempli, il fait comme s'il ne m'avait pas entendu. Derrière lui, son nabot de frère joue les psychorigides autoritaires. Lui aussi évite de croiser mon regard et feint l'indifférence. Sur le pas de ma porte, je leur adresse un "ne faites pas ça !" qui hésite entre SOS acouphènes et injonction menaçante... Je suis à peine réveillé, la colère est toujours bonne et cette fois-ci elle n'est pas avare de conseils. Elle me pousse jusqu'au champ où m'attendent les deux faux-frères tellement dissemblables que l'idée d'un père commun s'évanouit dans leurs bras frêles. Je suis spectateur de moi-même : contre plongée sur un braillard furibard, les yeux veinés de haine, les crocs mordant chaque mot comme autant de jarrets sanguinolents. J'ai rempli mon réservoir d'adrénaline, je fonce sur le nain qui m'accable d'injures et de mépris. Et là ! je sens que je ne serai jamais à la place de Matthieu Ricard, ce grand méditatif sans tifs. Mon énergie Yang est toute concentrée sur le colback du morback. Et une gifle ! une ! Bing ! les lunettes valsent dans l'herbe, une des branches bleues quitte sa monture ; elle se désolidarise du mouvement... C'est beau au ralenti, nous la regardons l'un et l'autre, chacun ému, mais pas pour les mêmes raisons. Il a peur et je le comprends, car moi aussi j'ai peur, son frère a peur. On sait tous les trois en cet instant qu'il suffit d'un mot de trop pour que je lise l'œuvre entière de Matthieu Ricard à la Santé... Autour de nous, les arbres sont au spectacle sur leur siège en mousse confortable. Il semble qu'eux trouvent la scène comique, j'en vois même un qui se fend la poire...
Mlle Colère, conseillère en communication et en formation accélérée raccroche. Je quitte la scène sous les huées des oiseaux, furieux de voir s'interrompre ce qui aurait pu être une belle tragédie celtique.
"Maîtrise-toi" me dis-je en rentrant dans le vieux granit placide. Trop tard...

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