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L'école, autrement

Publié le 06 mars 2009 par Mari6s @mari6s

L'éducation est un sujet qui me passionne autant qu'il peut me révolter... Témoins à charge, mes articles déjà écrit à ce sujet, comme celui-ci, ou l'extrait de celui-là qui porte là-dessus.

C'est de plus un sujet dont nous discutons pas mal en famille, puisque mes parents ont tous les deux été profs, et que je suis bien placée pour en connaître les défauts... Sur lequel on a un avis bien posé, pas très politiquement correct - mais remettre l'éducation en question n'est pas politiquement correct à l'heure actuelle, de toute façon.

A mes yeux, c'est simple: le système actuel marche sur la tête, ne tourne pas rond et ne peut convenir qu'aux élèves "dans la moyenne". En-dessous, on n'arrive pas à suivre ; au-dessus, on s'ennuie. Dans les deux cas, on perd son temps et on ne bénéficie pas vraiment de la fameuse "égalité des chances", qui devrait fournir à tous les moyens d'exploiter son potentiel...

Et le plus grave, c'est peut-être quand on n'est pas assez éloigné de la moyenne pour être "gênant". Pas assez "nul" pour redoubler, pas assez "bon" pour sauter une classe - bien que limiter les possibilités d'adaptation au niveau de chacun, au redoublement et au saut d'une classe, me semble symptomatique d'un manque d'imagination et/ou de bonne volonté - on est condamné à rester "dans le système", et à végéter.

Le pire, c'est que ça n'apporte même pas un niveau correct à ceux qui sont dans cette foutue "moyenne": la France a un des pires scores d'Europe sur le niveau scolaire...

J'ai personnellement souffert de mon "trop bon niveau". J'ai d'ailleurs toujours eu conscience qu'il pouvait être mal considéré: je me rappelle d'un exercice de lecture en CP où j'avais fait semblant de ne pas connaître un mot, pour cacher que je lisais couramment à la maison, comme si c'était une honte... Plus tard, j'ai commencé à me rendre compte que je m'ennuyais trop, que le niveau n'était pas à la hauteur de ma soif d'apprendre: par exemple, en 4ème, j'ai été absente un mois au début de l'année, pour raisons de santé. Je n'ai eu de problèmes pour rattraper les cours qu'en maths, et encore, très provisoirement. En espagnol, que je commençais juste à apprendre, j'ai commencé à m'ennuyer dès mon retour...

Et à côté de ça, j'ai connu des tas de gens "moyens", ou plutôt en-dessous de la "moyenne", qui travaillaient ou non. Qui, même quand ils redoublaient, parfois, continuaient à ne pas comprendre, s'ennuyaient parce qu'ils connaissaient le programme mais n'arrivaient quand même pas à le maîtriser...

Un exemple venant de l'expérience de mon père en tant qu'instit de CP. Il y a plus de vingt ans, il a eu dans une classe un enfant plus jeune d'un an que les autres (il avait sauté une classe) et qui savait déjà lire couramment ; et un enfant qui redoublait et ne savait pas lire, car sa maîtresse de l'an précédent ne s'était pas aperçue qu'il connaissait par coeur le livre de lecture mais était incapable de déchiffrer un seul mot... Pendant toute l'année, mon père n'a pu qu'occuper le premier pendant les phases d'apprentissage de la lecture, et tenter de sauver les meubles pour le second, sans lui donner pour autant les moyens d'utiliser son extraordinaire mémoire...

Et quant au fameux "les bons tirent les mauvais vers le haut", j'ai déjà dit ce que j'en pensais et je le redis: c'est un peu facile de la part des profs de refiler leur boulot aux élèves. Enseigner n'est pas le rôle de ces derniers, ils ne sont pas qualifiés. Ils ont des devoirs à faire, ils doivent apprendre des choses, ils sont à l'école pour ça et pas pour jouer les profs particuliers. De plus, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'exemples de la réussite de ce principe: je n'ai vu une élève remonter de 9 à 12 de moyenne qu'une fois, certainement plus grâce à sa motivation que grâce à l'aide que j'ai pu lui apporter... Par contre, j'ai vu souvent des élèves bons ou très bons, se "laisser couler" parce qu'ils s'ennuyaient, voulaient s'amuser, ou craignaient d'être considérés comme des intellos...

Ben oui, c'est simple de critiquer! Mais c'est quoi la solution? Je ne peux qu'en proposer une sur laquelle j'ai pas mal réfléchi avec mes proches, une idée qui selon moi améliorerait les choses. Imaginez un système d' "acquis" à valider dans chaque matière. Par exemple, en français en 6ème: "connaître les règles de grammaire", "savoir rédiger un texte", "orthographier correctement tels mots"...

Chaque élève devrait alors valider tous les acquis de son niveau dans chaque matière avant de passer au suivant. Vraiment valider. Quelque soit le temps que ça prenne, deux années scolaires ou deux trimestres... Après ça, il passe à la "classe" suivante. Même s'il n'a pas validé les acquis des autres matières...

On pourrait ainsi "redoubler" en maths et continuer d'avancer en histoire... De plus, les professeurs sauraient exactement où en sont les élèves, et qu'ils ont les bases nécessaires pour le niveau du cours abordé... Selon moi, ce système pourrait s'appliquer au lycée, au collège, et pourquoi pas, dès le primaire...

Bien sûr, ce genre de système demanderait une organisation sans faille, avec une adaptation de l'emploi du temps des élèves au fur et à mesure de l'année, au fur et à mesure de leurs acquis. Ainsi qu'une collaboration entre les professeurs. Mais ces deux points sont-ils vraiment des inconvénients? Pas à mes yeux.

Voilà. Mais je ne me fais pas d'illusions: aucune modification sérieuse du système actuel ne sera faite avant que la situation devienne critique - ou encore plus critique qu'aujourd'hui? La faute aux grèves qui paralysent toute réforme, bonne ou mauvaise. Passe encore venant des profs, qui pour beaucoup veulent protéger leurs privilèges le plus longtemps possible - ma retraite, mon salaire! - mais ça m'horripile quand les lycéens manifestent sans savoir de quoi il s'agit, sans réfléchir au bien-fondé et/ou à la nécessité d'un changement - et ils le font souvent... On ne change pas un système qui ne marche pas!

Update 7-03-09:
Je ne peux pas m'empêcher de réagir à propos du tout nouveau site Faismesdevoirs.com. Tout d'abord, il me semble (mais je suis de parti-pris) que l'existence-même de ce type de site est symptomatique de problèmes dans notre système éducatif. Ca montre que les notes ont trop d'importance aux yeux de tout le monde, qu'on oublie le plaisir d'apprendre, et même simplement qu'on est là pour apprendre...
Ca montre aussi, selon moi, qu'il y a un problème par rapport aux devoirs à la maison. Qu'il y en a, soit trop, soit de trop compliqués pour la plupart des élèves. Moi-même, qui ai toujours travaillé vite, les devoirs me prenaient au moins une heure par jour dès la 6ème, sans compter le week-end... Imaginez alors ceux qui avaient de réels problèmes de concentration, de compréhension...
De plus, je m'avance peut-être mais le problème posé par ce site serait quand même bien moins grand si les profs arrêtaient de donner des devoirs maison notés à tout bout de champ. En donner c'est une chose, mais en complément de devoirs surveillés, et à coeff moindre si possible, pour relativiser les supers résultats obtenus... En philo par exemple, mes amies n'ont de notes que sur des disserts à faire à la maison. Bien sûr, il n'y a jamais 4h d'affilée de cours de philo pour faire une épreuve type bac, mais en maths aussi la durée de l'épreuve est 4h, pourtant il y a des devoirs en salle d'une ou deux heures, en préparation!
Et puis je réagis aussi à la réponse (complètement hors-sujet selon moi) de notre ministre de l'Education nationale, à l'ouverture du site: il "souhaite que ce ne soit pas par les revenus des parents que se fasse l'échec ou la réussite scolaire", sic. Par où commencer sur ce que cette phrase m'inspire... D'abord, "échec ou réussite": je ne crois pas qu'on puisse dire qu'un élève qui paye pour avoir un 18 soit en réussite scolaire.
Ensuite, ce "souhait" me fait l'effet d'un voeu pieux: bien sûr, dans un monde parfait, les revenus des parents ne jouerait aucun rôle. Mais le fait est que, par exemple, seuls les parents les plus aisés peuvent payer un prof particulier pour leur enfant. Est-ce pour cela qu'il faut interdire les cours d'aide? Ce serait idiot, ça ne ferait que niveler par le bas (mais en même temps, l'Education nationale fait souvent ça...) Pour que l'échec ou la réussite d'un élève ne dépende pas du niveau socio-économique de ses parents, il faudrait commencer par prodiguer des cours qui puissent suffire à tout le monde, et la conclusion que je tire de tout cela, c'est que c'est loin d'être le cas...

texte de moi écrit le 10-02-09


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