Ventoline (ou comment respirer dans ce monde de brutes)

Publié le 09 mars 2009 par Didier T.
Aujourd'hui, j'ai eu un petit moment de tristesse. Un garçon de 10 ans que je connais plutôt bien, enfin, je l'espère, puisque j'ai, disons, participé à son existence, m'a dit que son copain Axel "passait sous Ventoline".
Ventoline n'est pas une héroïne de dessin animé. On appelle ça un broncho-dilatateur (cf l'épisode 4 ou 5 de Lost), un truc qui permet de calmer les crises d'asthme, quand le rire ou la poussière, le stress, l'angoisse ou les questions existentielles insolubles d'un enfant sont présents, et que petit à petit, tout se contracte, le monde paraît plus gris, les yeux se cernent, l'oxygène manque et une toux rauque emplit l'espace, sans que personne n'y puisse rien, je dis bien personne, sauf la Ventoline.
Dont acte. Médicament miracle, universel. Mais voilà. Cet enfant, dont la durée de vie va pouvoir aller jusqu'à 90 ans voire plus, sera enchaîné à ce produit, vivra tous les jours dans l'angoisse de le savoir à portée de main, et la moindre absence pourra de fait provoquer chez lui une crise qui ne sera réglée qu'à condition que le produit soit là. Mais voilà : et si le produit n'était pas là ?
donc, ce gamin que je connais un peu, enfin je l'espère parce que j'ai participé, etc... m'a donné cette information parce que lui, grâce au travail de celle qui en a la responsabilité, est en train d'éviter l'inhalateur. Ô, ça n'a pas été sans peine, il en a fallu des séances chez tel ou tel naturopathe, ostéopathe, quoi-que-ce-soit-pathe, pour en arriver là. Y compris une rigeur d'alimentation qui ferait passer un Amish pour un Punk. J'en parle d'autant plus facilement que je n'en ai pas forcément été le promoteur principal.
Cependant, maintenant, quand je vois courir librement ce gamin (le mien), qui a été stoïque parce qu'il avait compris l'enjeu, je me sens plein d'empathie pour cet autre gamin, qui vient de décider (ou bien on a décidé pour lui), de s'enchaîner à ce produit, jusqu'à la fin de sa vie.
Et ce n'est pas mon père qui me contredira, lui qui a failli mourir un jour à cause d'un spectacle de Claude Véga, parce qu'il riait trop, et qu'il n'avait pas sa Ventoline.
L'asthme est tout sauf une fatalité qu'on règle à coups de médicaments, si bénéfiques qu'ils soient.
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