Je me souviens, mais ce n’était pas l’année dernière. C’était un jour du mois de mai, d’une année, à présent si lointaine. Je me souviens de lui, tel qu’il était ce jour là, le dernier peut être, où il a été celui, tel, que je l’aimais et le chérissais. C’était à cette époque, peut être heureuse, où il était encore en compagnie, charmante et désuette, pour ne pas dire surprenante de sa vieille moto de l’armée allemande. L’engin rutilait et pétaradait. Tous les passants se retournaient pour l’admirer… Pas lui, sa machine! Lui, il était en ce temps là, à faire peur. Il fallait le connaitre pour ne pas prendre la pourdre d’escampette devant son profil de biker. C’était une année, la dernière, où je l’ai vu avec son cuir un peu zone. C’était lui, tout simplement….
… C’était un vendredi du mois de mai, d’une année que j’ai tout fait pour oublier. Lui, moi tous ses copains, nous étions donnés rendez vous pour déjeuner dans ce restaurant indien, sur l’Avenue Victor Hugo. Quelle avenue ? Victor Hugo est à l’adresse de toutes nos grandes villes. Ca aussi, j’ai voulu effacer de ma mémoire, ce Victor Hugo, là, où est pourtant restée ma banque, où je ne vais même plus… On avait beaucoup ri et je n’avais pas beaucoup mangé. J’étais effrayée, tétanisée par la perspective du duel qui l’après midi m’attendait. J’avais mon grand oral, le premier, avec Terminator…
Quand nous sommes sortis, sur les marches du restaurant, il m’a retenue par la manche et m’a dit “attends”… J’ai posé mon front sur son cuir zone. Il m’a embrassée sur le front, avant de faire glisser dans ses doigt mes boucles d’oreilles. Tel un magicien, celui d’Oz peut être, il a sourit et m’a dit “Tu avais la tête dans le cul, ce matin ?” Ce vendredi, d’une autre année, d’un mois de mai qui me parait à présent, si lointain, j’avais inversé mes boucles d’oreilles, une argentée et une dorée… Il a été le seul à avoir vu sous mes cheveux, cachée, cette anomalie d’un petit matin blême…
Je me souviens de sa tendresse, de son sourire, de sa moto, de son cuir zone… Oui bien sur, je l’ai revu, pas plus tard que le mois dernier, mais il n’est plus celui que j’aimais tant, et que je chérissais… Une blonde fraîche et fade, l’année suivante lui a volé son âme de balladin… Et les souvenirs qui vont avec…. Alors, de lui pour toujours, je me suis éloignée…
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