J'avais par une nuit sans lune, une nuit à vous glacer les sangs à l'heure des sorbets, commis une sorte de CV à l'attention obligeante d'une entreprise qui s'occupait de nétoyer les WC. Je quittais la boutique, la poésie me déboutais du droit d'asile, j'avais choisis mon immigration, je ne voulais plus avoir à faire avec le calcul de mes droits d'auteurs, ajoutés aux droits dérivés (T shirts floqués, meuuuhg, trousse de maquillage, string's, vibro-ma-soeur à propulsion de bouillie sanguine commandé par auto suggestions lascives etc ...), ajoutés aux compill's non remboursées par la caisse d'assurance maladies primaires à l'attention des primo-intégrés, le pactole allait son train-train de créature culturelle et je pouvais bien me flatter d'un certain talent à tenir la phrase à la corde, comme un lévrier. Je perdais le lecteur comme personne. Parfois j'en croisais un :
- Ah, cest vous ? Son aire désapointée, rétrécie, au milieu des ponctuations suggestives d'un lyrisme de chiotte le poussait généralement alors que je m'approchais pour le soutenir dans son effort pour reprendre pied au fin bout d'une phrase d'au moinss dix lignes et quatre mots, à faire sans y pensez un pas en arrière :
- Ah c'est vous, le sagouin, l'écorcheur de petites culottes syntaxiques, le baltringue de la langue, le qui prétend nous faire avaler des tranches entières de sa vieille gourme séchée aux portes des bordels à gourance ? Non, pas d'explications, c'est sans qualificatifs, pas d'excuses ! Remballez la camelote ! Faut que j'achève mon autobiographie.
Car le lecteur écrit, fait du VTT, peint en secret des éfigies à cinq euros, est citadin jusqu'à l'expulsion aime la montagne et la mer, joue à la belote coinchée, est inscrit dans un club de réflexions qui répond au doux nom du "miroir et l'armoire" dont il anime la cellule de crise. Le thème du mois ? Sécurité et tri sélectif. Car le lecteur est tout un, Pilate aux ongles faits, loque généreuse qui n'attend que la traverse pour achever la croix, conseil des prêtres qui ont une calculette dans le tabernacle et le peuple, tout un, généralement enclin à faire durer le plaisir. Rien de tel qu'une bonne montée dramatique pour activer le ressort de la réaction.
Une sorte de Cv avec mise en valeur des capacités à saisir le sel des situations en milieu hygiènique. Allons-y, c'est par là ! Lecteur si tu veux, tu peux venir !?
Je suis à moi tout seul un salon des refusés en ordre de marche. Les fauteuils sont puissamment défoncés, le diwan sert de poulailler, les guéridons sont d'époque néo-critique, les carpettes viennent toutes de pays lointains, en pur poils d'autochtone. Au murs sont les oeuvres, les minutes du Procès, Le voyage au bout de la nuit qui conduit l'essentiel d'entre nous à la rédaction de lettres de motivations et de coolies culum vite fait. Pas de miroir dans le taudis, pas besoin donc de vous refaire une beauté, personne ici pour relever ces pudeurs que vous avez souvent, incontinent lecteur, mon semblable, ma soeur, à l'heure de dire que vous aussi parfois, entre deux listes de commissions, vous vous commettez à quelque chose qui pourrait bien en être de la poésie ... Qu'en dites vous ? Soyez sincères ! J'en vois ça et là ... attention ! vous allez mettre le pied dans le vase de nuit ... qui feraient bien quelques petits sous avec le mirliton qu'ils ont reçus le jour de leur première communion. Las mes plumets ! C'est bien assez de mettre son cul à l'encan sur le marché de la destruction massive de l'emploi. N'en faut pour la gratuité, le don pur et simple. L'ordalie du don, un peu !
Suit la rubrique qualités diverses, centres d'intérêt, langues parlées, écrites, fourrées, avez vous des mômes, comptez vous en faire, quelle est votre appartenance religieuse, émettez vous des opinions politiques. Là j'ai bien remplis à ras bord de produits odorants : Contestations, agitations, happening's, show mc drive, évènements, kermesses, Goûters d'entreprises d'élimination des vieux, débats avinés et pour les mamans j'ai aussi des animations récréatives ayant pour bases pédagogiques d'anciennes pratiques artisanales où l'on fait travailler sa tête en ajustant la dextérité des doigts... à...
Et pour finir, sans queue ni tête, l'avis du lecteur qui parfois est aussi directeur des ressources humaines en milieu pétrolifère :
- Cette chose là, Ordalie du don, c'est pas un chant de Cosaques ? Ca veut rien dire en fait, hein ? Parce que vous faites bien, si ça veut rien dire, de postuler à l'entretien du trône. Poète de cour, va!
Ce long cassage de gueule est tout entier tourné vers Fred et Guil'homme qui, à l'époque où je les rencontrais naviguaient de conserve à bord d'une baleine et venaient de Joinvile à MALF par la voie d'eau des airs. Je les aimais bien ensemble.