Les pervers narcissiques.
Publié le 09 août 2007 par Malicelasouris
Le profil du pervers narcissique
S'il existe des traits stigmatisant la perversité narcissique dans la mesure ou la définition le permet, il faut donc bien les distinguer la personnalité de chacun des individus des tendances pathologiques qui ne sont répertorié que de façon subjective.
Intelligence, niveau culturel
Certains ont un très bon niveau culturel. Tous sont intelligents et particulièrement bons psychologues.
Absence de valeurs morales
Leur manque d’état d’âme, de remords ou de problème de conscience peut être si extrême, qu’au début de leur relation avec elles, leurs victimes ne peuvent y croire. Ce manque de scrupule les déroute, les estomaque ou les abasourdit.
En fait, ils ont un total mépris pour toutes lois ou contrainte morales. Leur morale est, le plus souvent, celle de la morale ou la loi du plus fort et/ou du plus rusé, du plus retors. Il y a le plus souvent, dans leur comportement, la banalisation du mal, une certaine « relativisation » de la morale, dans le cadre d’un nihilisme opérationnel, qui peut même être militant. Ils n’ont du respect que pour les gens plus forts qu'eux, ayant plus de pouvoir et de richesse ou plus combatifs qu'eux. Faire preuve d’humanité, de sensibilité est souvent vu par eux comme l’expression d’une forme de naïveté ou de sensiblerie qui n’a pas lieu d’être. Seuls les résultats comptent : « la fin justifie les moyens ».
Le pervers narcissique n'éprouve aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité ou servant ses intérêts. Il fait des promesses qu’il ne tiendra pas, sachant que « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Il n'hésite pas à dérober de l'argent, des bijoux, des vêtements à son partenaire ou à ses amis sans éprouver la moindre honte. Pris sur le fait, il est capable de nier avec un aplomb hors du commun...
Egoïsme, défense agressive de leurs intérêts
Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Il sait parfaitement et farouchement défendre ses intérêts et il en a toujours une vision très claire. Son unique objectif est d’obtenir un bénéfice pour sa propre personne. Il essaye de profiter à chaque instant de toute opportunité, de toutes les situations, de toutes les personnes rencontrées - ces personnes étant systématiquement instrumentalisées tant que cela est possible - pour en tirer, autant que possible, avantage pour lui. Sa philosophie est toujours utilitariste. Et il sait ménager ceux dont elle a besoin, son conjoint, une relation de travail… car même l’être le plus asocial a besoin d’affection, de compagnie, de présence (ne serait-ce que pour se faire admirer) et donc par moments, sera gentil avec son partenaire.
Il n'est « courageux » que quand il est sûr de gagner, et que cela va dans le sens du renforcement gratifiant de son image narcissique. Sinon, il fait preuve d’une extrême prudence et s’abstient de faire preuve de courage. Lors du naufrage du Titanic, il sera le premier à passer, selon les prétextes les plus fallacieux, avant les femmes et les enfants, dans le canot de sauvetage. La notion d’honneur ou d’élégance morale lui est inaccessible.
Egocentrisme
Comme pour tous les narcissiques, tout leur est dû. Elles n'admettent aucune mise en cause et aucun reproche Leur loi est celle de leur désir, immédiat, dans l'instant. Tout doit leur céder systématiquement. C’est comme s’ils étaient demeurés, à l’âge adulte, un enfant gâté. Un petit bobo chez eux prend de graves proportions, comme si c’était une maladie importante, devant alors inspirer la compassion de l’entourage.
Voici quelques exemples du mode de pensée du pervers narcissique :
· « Je suis génial, je suis fort, je suis au dessus des autres, dans le haut du panier ». · « Les autres ne peuvent pas ne pas m’aimer ». · « Je vais me servir de l'autre pour obtenir ce que je veux, ce à quoi j’ai droit ». · « Je vais m'arranger pour que ma victime se sente coupable afin qu'elle ne m'en veuille pas et qu’elle n’ait aucun désir de prendre son indépendance ». · « Pourquoi aurais-je un problème de conscience, ce n’est quand même pas de ma faute si elle est à ce point stupide ou naïve. Je n’y suis pour rien si elle est si naïve ». · « Ma victime me remerciera pour ce que je fais pour elle, ce qui est normal étant donné que c’est vrai, sans moi elle ne serait rien, c’est un honneur que je lui fais ». · « Quand il arrive un problème - même si c’est autrui qui a ce problème -, j’ai de la peine pour moi, pas pour autrui » (ce raisonnement est généralement inconscient).
Absence d’empathie
Les pervers narcissiques sont incapables d’aimer les autres. Dans leur immense majorité, ils n’ont aucune « humanité », aucun sentiment humain, aucun état d’âme, aucun affect. Ils sont froids et calculeurs, totalement indifférents à la souffrance d’autrui.
Mais tout en étant, le plus souvent, incapables d’avoir des sentiments humains, ils simuleront le fait d’être totalement remplis, en apparence, de bons sentiments humains et d’une sincère empathie pour autrui.
Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils sont en fait souvent vides d’intérêts, sauf pour leur intérêt immédiat. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil (pour les autres). Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s'empare d'eux lors des séparations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche. Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible, implacable à laquelle le pervers applique toutes ses forces et ses capacités de raisonnement. Et alors, il n’aura que cesse d’assouvir son dessein de vengeance.
La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le principe même du fonctionnement pervers est d'éviter tout affect. Les pervers, tout comme les paranoïaques, maintiennent une distance affective suffisante pour ne jamais s'engager vraiment. L'efficacité de leurs attaques tient au fait que la victime ou l'observateur extérieur n'imaginent pas qu'on puisse être à ce point dépourvu de sollicitude ou de compassion devant la souffrance de l'autre.
Les éventuels dérèglements sexuels ou la « méchanceté » foncière pourraient être les conséquences de cette absence de sentiments et d’empathie pour les autres. Il est possible que le manque d’affect empêche de ressentir l’intégralité des limites morales entre ce qui est permis ou interdit dans la société. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
L'absence d'Empathie n'est cependant pas toujours presente; dans certain cas, l'empathie existe bel et bien, mais a un niveau plus elevé que la moyenne, et donc soit refoulé sur des cibles selectionnés (qui ne seront pas les victimes), soit (ou) utilisé pour son entreprise de manipulation.
Haine et agressivité
Le pervers narcissique a souvent besoin de haïr pour exister ; c'est une des raisons pour lesquelles il n’est jamais satisfait par quoi que ce soit (les autres, les objets…). La haine peut être chez lui un moteur très puissant de son action et de son comportement. N’arrivant pas à obtenir et jalousant la plénitude ou le bonheur qu’il observe chez l’autre, il en vient à haïr et à détruire ce qu'il aime et recherche intensément. Étant incapable d'aimer, il essaie de détruire, par cynisme, la simplicité de toute relation naturelle et saine.
A cause de leur histoire personnelle, les pervers n'ont souvent pas pu se réaliser. Ils observent alors avec envie ce que d'autres qu'eux ont pour se réaliser. Et ils essaient de détruire le bonheur qu’ils observent auprès d'eux. Prisonniers de leur propre personnage et de l’image, le plus souvent factice, qu’ils présentent à la société - ce qui leur impose de terribles contraintes permanentes -, ils tentent alors de détruire la liberté d’autrui et de lui imposer des contraintes décidées par eux. Il y a, chez eux, une mentalité agressive d’envie, de convoitise, d'irritation haineuse à la vue du bonheur, des avantages d'autrui.
Pour s'accepter et s’affirmer, les pervers narcissiques doivent triompher de quelqu'un d'autre, le détruire, jouissant alors de sa souffrance. Cette perception, de ce qu’ils croient ne pas posséder, est subjective, elle peut même être délirante. Ce sentiment d'infériorité vis-à-vis de la personne enviée et haïe les pousse à chercher à posséder ce qui est convoité. Pour combler l'écart qui les sépare de l'objet de leur convoitise, il leur suffit alors de l'humilier, de l'avilir.
Ils envient la réussite des autres, qui les met face à leur propre sentiment d'échec, sans cesse refoulé, car ils ne sont pas plus contents des autres qu'ils ne le sont d'eux-mêmes. Pour eux, rien ne va jamais. Ils imposent aux autres leur vision péjorative ou négative du monde et leur insatisfaction chronique concernant la vie. Ils cherchent, souvent, à démontrer que le monde est mauvais, que les autres sont mauvais. Personne n’a vraiment grâce à leurs yeux. Agresser les autres est le moyen d'éviter la douleur, la peine, la dépression.
Ils aiment attendre dans l’ombre, masqués. Certains calculent leurs coups ou leur vengeance très longtemps à l’avance, parfois sur plusieurs années (pour eux la vengeance est un plat qui se mange froid et ils aiment à s’en délecter). C’est la raison pour laquelle ils peuvent être redoutables et imprévisibles. Et d’ailleurs, ils sont le plus souvent imprévisibles.
Mensonge
Le pervers narcissique est toujours, intérieurement, dans la peau d’un autre, il n'est jamais sincère, toujours menteur. Il peut aussi bien dire la vérité que mentir avec aplomb, d’une façon jusqu’au-boutiste (comme un « arracheur de dent »). Le plus souvent, il effectue de sensibles falsifications de la vérité, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de mensonges, et encore moins de constructions délirantes. Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise - ce qui est, pour l'autre, très déstabilisant - fait partie de son jeu.
Derrière cette attitude de mensonge jusqu’au-boutiste, qui paraît parfois suicidaire, se cache, le plus souvent, une attitude de défi à l’ordre social, une façon de montrer qu’il est toujours le plus fort et qu’il contrôle toujours la situation... Même quand il le faudrait, il ne reconnaîtra jamais rien, ni ses mensonges, ni ses torts, même dans les moments cruciaux lors d’un interrogatoire policier, voire d'un procès d’assises.
Par contre il pourra reconnaître éventuellement un mensonge mineur s’il n'a pas grand chose à y perdre. Mais même l’aveu de ce petit mensonge sera toujours difficile à obtenir de sa part.
Mythomanie
Le pervers narcissique a souvent une composante mythomane. Elle est liée à sa propension au mensonge - une composante opérationnelle, consciente, pour parvenir plus facilement à ses fins - et à un besoin de se voir mieux qu’il n'est dans la réalité. Il aime se mentir à lui-même, sur lui-même. Le déni (de ses défauts, de l'autre) lui permet de « s'aimer » (et de s’aimer toujours plus).
Comme tout mythomane, il ment souvent parce qu'il craint la réaction négative de l’entourage (de dévalorisation, par exemple) qu'entraînerait l'aveu de la réalité et de son mensonge. Sa mythomanie a tendance alors à s’auto-entretenir, sans fin, voire à se renforcer au cours du temps. Il se ment à lui-même, sur sa vraie valeur, sur ce qu’il est réellement. Il sait partiellement qu’il se ment à lui-même, mais en même temps il minimise son propre mensonge sur lui-même. A certains moments, il finit par croire à son mensonge, à d’autres, il a conscience de son mensonge. C’est toute l’ambivalence de la pathologie mythomane.
Un « comédien né »
Le pervers narcissique est un « comédien né ». Ses mensonges à force d’entraînement sont devenus chez lui une seconde nature.
Sa palette de personnalités, de personnages, d’émotions feintes est étonnante. L’éventail de son jeu d’acteur est étonnant, infini, sans cesse renouvelé.
Il donne le plus souvent l’image d'une personne parfaitement calme, ne s’énervant jamais.
Intégration sociale et extraversion
Le pervers narcissique est en général apprécié au premier abord car il paraît extraverti, sympathique et séduisant. Assez fin psychologue, il a souvent un talent pour retourner l’opinion en sa faveur et emporter l’adhésion à ses idées, même les plus contestables.
Orgueil et Combativité
Le pervers narcissique est le plus souvent doté d’une combativité extrême et d’une capacité de rebond remarquable. Sa mégalomanie, son narcissisme, voire sa paranoïa, renforcent cette combativité.
Souvent immensément orgueilleux, voire mégalomane, le pervers narcissique aime gagner, à tout prix, sans fin, et ne peut admettre, une seule fois, de perdre. Il est prêt à tout, même aux coups les plus retords, pour ne jamais perdre. Le pervers est comme un enfant gâté. S’il ne rencontre pas de résistance, il ira toujours plus loin.
À cause de cette stratégie de victoires sans fin il peut parvenir à se convaincre qu’il n’y a pas de valeurs morales positives dans l’univers et qu’il gagnera toujours à agir ainsi.
À la longue cette tendance, qui peut lui assurer une dynamique du succès pendant un certain temps, devient une addiction. Signe de sa mégalomanie, elle la renforce en retour, et l'amène à ne plus pouvoir tolérer la moindre frustration ou contradiction.
Le pervers narcissique adore se valoriser, paraître plus qu’il n’est réellement. Toute atteinte à la haute image qu’il a de lui-même le rend très méchant, agressif. Tous ses efforts viseront alors à rétablir cette image flatteuse qu’il a de lui-même, et ce par tous les moyens, y compris par la destruction du perturbateur, celui qui a commis le crime de lèse-majesté.
Il a une très haute opinion de lui-même. Les autres sont pour lui quantités négligeables - ce sont des larbins, des domestiques, des « peanuts »… -. Il déteste qu’on lui fasse de l’ombre, qu’on se mette en avant, qu’on prenne de l’ascendant sur lui, qu’on lui résiste, qu’on lui dise non. Il a besoin sans cesse de rabaisser autrui, par une petite pique de-ci de-là (untel n’a pas de personnalité, untel est égoïste, untel est ingrat, untel est pingre…).
Sadisme
Un plaisir pervers s'éprouve dans la vision de la souffrance de l’autre. Le pervers ressent une jouissance extrême, vitale, à voir l'autre souffrir, à le maintenir dans le doute, à l'asservir et à l'humilier. Étant incapable de relation véritable, il ne peut en établir que dans un registre pervers de malignité destructrice. Les êtres humains ne sont plus pour lui des êtres humains, mais des objets de jeu et de plaisir. Il aime chosifier l'autre, et faire en sorte que sa victime ne puisse jamais s’en sortir, ne serait-ce que pour l'empêcher de témoigner contre lui.
Paranoïa
À leur personnalité perverse et narcissique peut parfois se superposer une composante paranoïaque. À force de duper les gens, le pervers se doit d’être de plus en plus secret et d’être de plus en plus sur ses gardes. Il se confie de moins en moins. À un moment clé, il peut se révéler d’une hyper-susceptibilité maladive. Il vit dans une suspicion constante et une prudence extrême, qu’il dissimule profondément. Sa paranoïa apparaît alors décupler son intelligence, lui fournissant alors un extraordinaire regain d’énergie combative.
« Esprit mesquin »
On est parfois surpris de découvrir, derrière son apparence généreuse, brillante, très intelligente, un esprit mesquin, terriblement jaloux, rancunier, vengeur, d'une indéniable petitesse morale. Ses buts « nobles » et « généreux » se révèlent alors nettement moins nobles qu’il n’y paraissait au premier abord. Il semble en effet (et c’est ce qui apparaît à l’analyse) aimer se venger discrètement, sans témoin, sans que la victime s’en rende compte et il savoure le plus souvent sa vengeance en solitaire. Et c’est une des raisons pour lesquelles sa conduite peut paraître parfois secrète, indéchiffrable ou déroutante.
Si sa victime lui a résisté et lui a fait un affront, il pourra « s’amuser », par exemple, à lui envoyer une lettre d’anniversaire incompréhensible, à une date éloignée de la date d’anniversaire, cette action incongrue étant à ses yeux une « bonne plaisanterie », dont il sera d’ailleurs le seul à rire ou à jouir.
Ce genre de comportement paraît parfois être l'indicateur d’un début de psychose ou de démence précoce, en tout cas d’une réelle forme de maladie mentale, mais pas nécessairement.