Au boulot, il n’y a qu’un seul objet que je ne me lasse pas de regarder…
Je ne pourrais compter le nombre de fois où mes yeux se posent sur lui. Qu’ils étudient, détaillent et réfléchissent. Calculant, rayant, inscrivant une note en marge d’un chiffre, ou d’un nombre… Stabilosant aussi. Rose, jaune…
Mon nouvel ami depuis des mois : un simple calendrier…
J’y suis très attachée…
Je barre férocement de traits obliques les mois écoulés, les semaines achevées. Les week-end portent bizarrement une mention nouvelle lorsque les retrouvailles sont possibles. Parfois, aucune mention n’est portée. J’évite alors de regarder ces mornes cases. J’ignore allègrement ces vides… Je les passe en attendant qu’ils passent…
Au stabilo jaune apparaissent les vacances scolaires. Au stabilo rose : mes vacances prévues. Ensuite, comme dit ma grande, des « grabouchachas » au crayon de papier, prévoyant un congé parental pour le mois de juillet, des vacances à la Toussaint, d’autres rallongeant les congés de Noël. Il n’est jamais trop tôt pour prévoir, espérer et attendre…
Et au milieu de cela restent les rêves de longs week-ends à poser encore, une petite semaine en septembre, sûrement…
Bref, je jalonne mon année calendaire de stabilo, d’annotations diverses et variées comme autant de plots jalonnant l’année 2009, marquant les zones d’apnée et les temps de respiration, les périodes escargots et celles qui fileront trop vite.
Entre solitude et quiétude amoureuse… Me préparant pour chacune de ces phases, longtemps à l’avance…
Et j’aime décompter, attendre, rayer et voir que les zones bénies approchent, que les temps de vide diminuent… J’aime cette densité nouvelle du temps. J’aime ces minutes perdues à rêvasser sur ces dates encore lointaines entre deux taches d’un ennui mortel… Imaginant week-ends ou vacances, à deux ou à 4, lui au boulot et moi dans son univers. Ce « chez-lui » attendant de devenir « chez-nous ». Comme une latence, des périodes à passer en pointillées, faites d’essais réussis (j’ai eu le temps de juger de notre façon de partager chaque instant…), de pierres apportées à ce que nous bâtissons ensemble.
Petit à petit. Sans précipitation aucune…
J’aime frénétiquement que ces zones approchent. J’aime que mon programme dépende de ce papier cartonné, en bonne vue sur mon bureau encombré de tant de papiers insignifiants, de post-it râturés, de bloc-notes remplis de messages en tout genre, de notes prises lors de réunions soporifiques. Et trônant au milieu de tout cet alimentaire… Mon calendrier. Ma respiration ténue. Celle qui me parle de lui à coups de murmures entre deux lignes stabilosées, entre deux accolades marquant la longue période en préparation…
La prochaine étape calendaire : avril… De vraies vacances de Pâques. Les filles seront chez les grands-parents pour la majeure partie des vacances, nous offrant un semblant de vie à deux…
A vrai dire, j’ai toujours attendu quelque chose du calendrier. Des vacances, des retrouvailles familiales, les cousins pour bientôt et j’en passe… Pourtant aussi impatiente que je suis de ces moments qui arrivent et ne sont pas encore, cela ne m’empêche en aucune façon de profiter du présent.
Curieux phénomène que d’être à la fois entièrement dans l’avenir, entièrement dans l’attente et en même temps très ancrée dans l’instant…
Avouerai-je que j’attends, avec une certaine impatience de voir trôner dans un coin de chez-nous, un grand calendrier (non, mon cœur, pas un calendrier Pirelli. Un avec des animaux, pour les filles… ;o) stipulant nos obligations professionnelles, nos rendez-vous familiaux, nos projets de vacances ou de week-ends…
Oserai-je le dire ?
Non… Je n’oserai(s) jamais le penser au point de le dire à haute voix…
;o)