Quand il lui avait dit, juste avant le dessert, "Je voudrais que tu m'adoptes", elle avait cru à une plaisanterie, bien que rien ne le laissât présager ni dans son ton, ni dans l'expression de son visage. Elle ne releva pas son propos et continua à manger sa cuisse de canard comme si de rien n'était ; après tout, elle ne le connaissait que depuis un mois. Deux jours plus tard, elle trouva dans sa boîte aux lettres le courrier suivant :
Marie
Hier, je t’ai demandé de m’adopter, mais tu n’as rien répondu. Ton indifférence m’a profondément blessé. Je préfère te quitter plutôt que d’être à nouveau déçu. Je trouverai sûrement une autre femme qui, elle, m’adoptera !
Christophe
Elle déchira sa lettre en plusieurs morceaux qu’elle mit dans sa poche. Une fois chez elle, elle emballa les morceaux dans un petit papier cadeau qu’elle referma consciencieusement. Sur le paquet, elle colla une étiquette où elle écrivit « Je ne suis et ne serai jamais ta mère ! Va te faire soigner ! ». Puis elle glissa le paquet dans une enveloppe en papier kraft où elle écrivit l’adresse de Christophe en gros caractères.
Elle contempla le paquet avec une certaine satisfaction et décida qu’elle le posterait le lendemain matin.