« Durant la nuit, dit Jean
Climaque, donne beaucoup de ton temps à la prière, mais peu à la psalmodie. »
C'est ce que tu dois faire. Quand, là où tu es assis, tu vois la prière agir et
ne pas cesser d'être en mouvement dans le cœur, ne va pas la laisser et te
relever pour psalmodier un moment, si d'elle-même elle ne t'abandonne pas.
Délaissant Dieu au-dedans de toi, tu te lèves pour parler à l'extérieur, tu te
détournes de ce qui est élevé vers ce qui est bas, et tu crées une confusion.
Tu troubles l'intelligence hors de son calme. Car l'hésychaste garde aussi
l'action, dès lors qu'il la maintient dans la paix et la sérénité, comme son
nom l'indique. Dieu est paix, au-delà de la confusion et du bruit. Notre
louange, comme notre manière de vivre, doit être angélique, et non charnelle.
Psalmodier en appelant de toutes nos voix n'est jamais qu'un symbole de l'appel
de l'intelligence. La psalmodie nous est donnée à cause de notre négligence et
de notre rusticité, pour nous ramener vers ce qui est vrai. Ceux qui ne
connaissent pas la prière qui est, selon Jean Climaque, la source des vertus
arrosant les plantes, c'est-à-dire les puissances de l'âme, doivent psalmodier
beaucoup, sans mesure, toujours avec une grande diversité, et ne jamais cesser,
jusqu'à ce que cette longue action pénible les ait menés à la contemplation et
qu'ils puissent découvrir la prière intellectuelle active au-dedans d'eux. Car
autre est l'acte de l'hésykhia, autre celui de la vie commune. Chacun,
s'il persévère sur la voie où il a été appelé, sera sauvé. Aussi, quand je te
vois revenir au milieu d'eux, j'ai bien peur de n'écrire que pour les
faibles.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (4/6)