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L'histoire vraie du voyage de Cochon (2)

Publié le 11 mars 2009 par Cochondingue
Alors que l'agent de sécurité m'entraînait à l'écart pour une fouille corporelle, je m'imaginais déjà menottée à une chaise (électrique tant qu'à faire), au milieu d'une grande salle aux murs blancs recouverts d'instruments de torture, scies sauteuses, hachoirs, scalpels ensanglantés (aurais-je vu trop de films d'horreurs ?)...

Que vous me croyez ou non, je ne voyage pas avec des grenades dans les poches et une kalachnikov sous la jupe. J'ai même jamais jeté de boule puante en classe, c'est dire si je suis au delà de tout soupçon.
M'est avis qu'à force de fouiller les gens et de les empêcher de prendre leur avion à temps, on fait naître en eux des désirs de vengeance et de bain de sang. On n'a jamais évoqué l'éventualité qu'Al Qaïda pourrait être un regroupement de passagers mécontents de la prestation déplorable de leur compagnie de voyage...
Tiens, cette réflexion mériterait que je me fende d'un mail à la CIA, mail qui changerait probablement la face du monde et améliorerait certainement les services clients dans les aéroports internationaux.

La fille a commencé à me palper. Rien d'érotique ni de salace, petits pervers, je vous vois venir avec vos gros sabots.
Elle mâchait un chewing-gum et avait un de ces airs blasés (elle aurait pu postuler pour être figurante dans Derrick)... Elle tirait une gueule de 3 mètres de long, alors que franchement, des milliers d'hommes auraient rêvé d'être à sa place. Mais passons... Elle aurait pu me fouiller de fond en comble, me faire le grand nettoyage de printemps, elle n'aurait rien trouvé sur moi, ni en moi (peut-être à la rigueur un vieux tampax oublié à l'intérieur par mégarde, mais pas de quoi faire sauter un Boeing 747...)

J'ai entendu mon nom retentir dans tout le terminal 2F de l'aéroport. Dernier appel pour l'embarquement. Le passager Cochon doit se présenter en urgence au comptoir Middle East.

- C'EST MOI, COCHON ! JE SUIS LA ! ON ME SEQUESTRE !!
La fille m'a regardé avec ses yeux de poisson trop frit. Elle a mis la main dans sa poche et en a sorti une clope.
- Vous n'avez pas le droit de fumer.
- Ici, la loi, c'est moi !
- Au moins, ça a le mérite d'être clair...
- C'est juste une cigarette électronique.
- Ca ne vous dérange pas que tout un Boeing m'attende ?
- Qu'il décolle ou pas, je toucherais le même salaire à la fin du mois.
- Vous avez pensé à une reconversion professionnelle ? Figurante dans des téléfilms allemands par exemple.
- Vous croyez ? J'ai toujours voulu être une artiste.
- Bien sûr, vous avez la tête de l'emploi !
- Bon, vous pouvez partir. Ne perdez pas de temps si vous ne voulez pas vous faire lyncher par les autres passagers.

Je ne me suis pas faite prier. J'ai couru laissant derrière moi l'agent, sa clope électronique au bec, rêvant sans doute de cinéma et de gloire. Une nouvelle carrière. Arrêter de palper des inconnus pour palper de beaux acteurs.

Et moi j'ai décollé avec 2 heures de retard, entourée de voisins furieux et maugréant. Mais peu importe, je me suis envolée.




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