Juillet 2004, j'entends sur les ondes "Ligne D…agression…" Fervente utilisatrice de cette ligne, je tends l'oreille attentive à ce nouvel évènement.
Une jeune femme avait été violemment agressée le vendredi matin sur le ligne D du RER, une bande de jeunes d'origine maghrébine l'avait dépouillée de son sac contenant 200 euros, renversé la poussette avec son bébé, ont lacéré ses vêtements et dessiné trois croix gammées sur son ventre.
Agression, émotion, la révolte est sans doute la réaction première, légitimement humaine.
Voire primaire?
Humains, nous le sommes aussi par la réflexion, n'est ce pas?
A l'époque, ce récit me sembla bien étrange…
Un vendredi matin, pas de témoin? Je n'ai jamais vu une ligne D vide un vendredi matin, même en dehors des heures de pointe.
Un acte antisémite sur une femme qu'ils croyaient juive de par son ancienne adresse dans le 16ème arrondissement? Ça fait beaucoup de suppositions, non?
Des agresseurs, supposés musulmans, dessinant des croix gammées? Pourquoi cela me semblait si incohérent?
Cependant pendant les deux jours qui ont suivi, l'information éclatait sur les ondes radio, explosait sur les images Télé. Un emballement furieux, tel un virus se propageant férocement, frappe immédiatement la classe politique et notamment le président de la République qui s'indigne avant même un soupçon d'enquête. Parole politique relayée immédiatement par les médias comme une seconde information.
Nous sommes dans un tel contexte de violence que personne ne s'étonne de la déclaration de la fille du RER, l'antisémitisme progressant, on accepte la possibilité d'un tel acte.
L'enquête policière a tout de même très rapidement mit en lumière les incohérences de la plainte de la jeune fille, puis obtint ses aveux de la mise en scène qu'elle avait élaborée pour retenir l'attention.
Sur quels autres sujets, les personnages politiques ont-ils pu manipuler la population sans que nous nous en rendions compte?