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13 mars 2009
Brésil : pour éclairer le problème de l'excommunication
"Dans la Charte des personnels de la santé édictée en 1995 par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, il est précisé, à l'article 141, que " en certains cas, en refusant l'avortement, on porte préjudice à des biens importants qu'il est normal de vouloir sauvegarder". Le texte évoque notamment " le cas de la santé de la mère" et celui " d'une grossesse dont l'origine est le viol". Sans " méconnaître ou minimiser ces difficultés et les raisons qui les sous-tendent", il confirme que "la vie, en fait, est un bien trop fondamental pour être mis en comparaison avec certains inconvénients même graves".
L'Église a reconnu à ce titre l'exemplarité d'une femme, sainte Gianna Beretta-Molla. Opérée d'un fibrome dans l'utérus, elle a demandé explicitement que l'on sauve son quatrième enfant avant de mourir quelques jours après la naissance, en 1962. Mais cette mère héroïque n'était pas moralement contrainte au choix auquel elle s'est sentie librement appelée. Contrairement à certaines idées reçues, l'Église n'exige pas qu'une femme enceinte sacrifie sa vie pour conduire une grossesse à son terme. L'article 142 de la même charte évoque en effet certaines situations particulières " quand l'avortement s'ensuit, comme conséquence prévue, mais non convenue et non voulue, simplement tolérée, d'un acte thérapeutique inévitable pour la santé de la mère, celui-ci est moralement légitime". Ce type de disposition s'applique-t-il au cas d'espèce ? À première vue, non. L'avortement pratiqué par les médecins sur la petite fille violée ne semble pas la conséquence d'un acte thérapeutique inévitable pour sa santé, mais l'acte lui-même. Il est, à ce stade, nécessaire de préciser la définition de l'avortement tel que la rappelle l'encyclique Evangelium vitae : " meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d'un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance " (art. 58). [...]
[L]'interruption volontaire de la grossesse n'était pas le seul moyen à la disposition des médecins pour assurer la santé et la vie de la mère. En en restant à un niveau médical de froide logique, en ignorant les circonstances extrêmes, humaines et sociales dans lesquelles se déroulait le drame de cette grossesse d'origine criminelle, et en ne prenant pas en compte le coût physique voire économique d'une telle opération, on pourrait effectivement faire remarquer qu'une délivrance très précoce par césarienne aurait pu être tentée dans ce cas, sauvant la mère, et sauvegardant, ne fût-ce qu'un moment, l'existence des enfants. [...]
Quant à l'excommunication - quelles que soient, dans le cas brésilien, sa pertinence et la pertinence de son mode de communication - il faut souligner ce qu'en dit l'article 145 de la même Charte : elle est motivée par " la gravité du péché d'avortement et la facilité avec lequel on l'accomplit, sous le couvert de la loi et de la mentalité courante". Elle "a une signification essentiellement préventive et pédagogique" qui vise à "secouer l'insensibilité des consciences". [...] En France, où l'anesthésie des consciences se double de profondes souffrances personnelles et sociales liées à l'avortement, il y a fort à faire pour expliciter que l'excommunication est pour l'Église "un constat" lorsqu'il y a objectivement une faute grave, afin que, sur le lieu de cette faute, la miséricorde infinie de Dieu soit appelée et accueillie. C'est donc en principe un " service " rendu à son destinataire. Car aux yeux de l'Église " rien n'est perdu ". C'est ce que dit Jean Paul II dans Evangelium vitae aux femmes ayant avorté. Il les invite à s'ouvrir au " Père de toute miséricorde "."
MJ
Posté le 13 mars 2009 à 22h41 par Michel Janva | Catégorie(s): Culture de mort : Avortement
Commentaires
où peut-on envoyer une lettre de soutien à l'archevêque de Recife ?
Rédigé par : jp | 13 mar 2009 23:33:51
Bravo pour cet synthèse éclairée et bien documentée des cas limites du "volontaire indirect" en présence du danger de mort.
Ce sont de justes éclaircissements moraux comme on aimerait en trouver davantage dans le flot innombrable des paroles inutiles dont nous saoule les médias...
Rédigé par : Père H. | 14 mar 2009 08:01:54