Un dessin d’enfant n’a pas toujours un schéma.
Tout comme l’on ne trouve pas toujours de chefs-d’oeuvre dans les salles d’exposition d’un musée. En passant, avez-vous vu cette exposition au Musée des beaux-arts de Montréal sur Van Dongen, un fauve en ville? On se bouscule au portillon du Musée les weekends…
Bon, parlons du dessin d’Éric.
Dans l’univers des dessins d’enfants, il y a des dessins d’apprentissage qui sont parfois maladroits; des dessins d’assimilation de connaissances qui sont dépourvus d’intérêt artistique; des dessins fantasmagoriques qui procurent avant tout aux enfants le sentiment de puissance et d’évasion; des dessins ludiques qui racontent des moments de leur vie d’insouciance, des dessins libérateurs qui évacuent les impossibilités et frustrations d’enfant; des dessins qui les initient à la vie en société représentant des fêtes, des événements ou des valeurs humaines, et bien d’autres formes de dessins d’enfants.
Dans ce dessin d’Éric, il y a un schéma, un ordre narratif, un squelette sous le coloriage. Le dessin est d’abord tracé à la craie de cire. La répartition des éléments picturaux enferme un scénario narratif. Cela laisse croire que l’histoire du chaman, village, forêt, famille de poissons existe partiellement ou dans sa totalité dans l’imaginaire d’Éric depuis un bon moment déjà. Si elle est dessinée pour la première fois, elle a été assurément mainte fois racontée dans sa tête ou en réalité.
Dans ce dessin d’Éric, il y a les rudiments de la perspective, les premiers signes de l’art du paysage et le début du développement de sa capacité en organisation picturale. L’enfant applique spontanément ici plusieurs techniques picturales anciennes : le dessin d’abord, ensuite les couleurs; les tipis en forme de triangle aux dimensions variables, dont les plus petits, pour désigner les tentes les plus éloignées; des points verts poinçonnés du bout d’un marqueur, entre la rive et la forêt pour représenter des buissons, une technique d’estompage; la représentation de la rivière et des poissons obéit l’approche fond/forme : d’abord, réserver l’espace de la rivière par encerclement en couleur bleu ciel, les poissons et finalement combler le vide en se servant du gros marqueur bleu foncé.
Il y a dans ce dessin d’Éric un schéma, à travers lequel l’enfant organise sa pensée visuelle. Bien que cette pensée naissante soit encore un peu arbitraire, elle est une adorable logique d’enfant. Mais cette habileté de l’enfant est suffisamment cohérente et fluide pour organiser son dessin en suivant non seulement une trame chronologique d’événements narratifs, de plus, elle dose l’utilisation des couleurs. Une ligne de lecture, en zigzaguant, de droite à gauche, du bas de feuille, est reconduite par les poissons au sens opposé. Le tout est coiffé par une masse de feuillage verte. Elle est soutenue par des trucs d’arbres, campée par les deux luminaires presque cosmiques et bibliques, en jaune, la ruche et en orangé le soleil levant.
Pour accompagner le dessin d’Éric, une photo paysage que nous n’avons malheureusement pas noté le nom de son auteur. Une composition par couches superposées. Le lointain dans la partie du haut, la partie approchée, dans le bas de l’image.
Cet article a été publié le Samedi 14 mars 2009 à 1:07 et est classé dans Voir autrement, Amusements artistiques, Dessins. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un trackback depuis votre propre site.