Le commencement de la grâce
dans la prière n'apparaît pas en tous de la même manière. Et le partage de
l'Esprit, dit l'Apôtre, se révèle et se connaît sous bien des formes, selon sa
volonté. Il se manifeste en nous comme à Élie le Thesbite. Chez certains, un
esprit de crainte, fendant les montagnes des passions et brisant les rochers,
les cœurs durs, vient clouer la chair de frayeur et la rendre morte. Chez
d'autres, un tremblement, ou une exultation toute immatérielle et essentielle,
car ce qui n'a ni être ni substance n'existe pas (et c'est ce que les Pères
appellent plus clairement un bondissement) ébranle le cœur. Chez d'autres
enfin, surtout en ceux qui ont progressé dans la prière, Dieu suscite une brise
légère et paisible de lumière, le Christ demeurant dans le cœur, selon
l'Apôtre, et se révélant mystiquement en esprit. C'est pourquoi Dieu disait à
Élie sur le mont Horeb que le Seigneur n'était ni ici ni là, dans les actions
partielles des novices, mais il disait que le Seigneur était dans la brise
légère de lumière, et il montrait la perfection de la prière.
saint Grégoire le Sinaïte : chapitres ou
méditations spirituelles (4/8)