Les rockers sont éternels

Publié le 17 mars 2009 par Fuligineuse

Voilà que nous avons perdu aussi Alain Bashung, et tout à coup le monde médiatique, l’audiovisuel notamment, semble s’apercevoir de sa vraie stature. Mais la polémique serait vaine, peu importe. Ceux qui l’écoutaient déjà avant son triomphe, le mois dernier, aux Victoires de la Musique, savaient bien que c’était un grand. Un grand chanteur, un grand monsieur.

Depuis les années 80 ses chansons, souvenez-vous de Gaby, de Vertiges de l’amour, de Ma petite entreprise, se sont inscrites dans nos têtes, entrelacées à notre quotidien. Un morceau de Bashung ne ressemble à rien d’autre, dans son étrangeté immédiatement familière, avec ses mots inattendus, ses glissements de sens - comme on parle de glissements de terrain – ses failles dans lesquelles on risque à chaque instant de s’engloutir. Elles parlent des seules choses qui comptent, l’amour et la mort, et la simple (simple ?!) difficulté d’être, jour après jour.

Il y a juste un an, il nous a donné un dernier et superbe album, Bleu Pétrole. Un véritable diamant noir. Je t’ai manqué, Résidents de la République, Sur un trapèze… chaque titre nous place en équilibre instable, sur le fil du rasoir, dans une nuit traversée de fulgurances. Bashung y reprend aussi deux chansons « historiques », la magnifique Suzanne de Leonard Cohen et Il voyage en solitaire de Gérard Manset. Et maintenant ce voyageur solitaire s’en est allé. Mais moi, c’est sûr, « J'ai dans les bottes des montagnes de questions Où subsiste encore ton écho »…

Cette note (écrite hier) est dédiée à JLC, qui voit Bashung comme son frère. Quant à son titre, je l’ai emprunté à ma fille, et je l’en remercie.

Fuligineuse

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