Magazine Humeur

It's a recession when your neighbor loses his job; it's a depression when you lose yours.

Publié le 17 mars 2009 par Vinsh

Je t'avais promis de t'éviter les coups de calcaire après ma pause bloguesque. Et bah au final je me rétracte, parlons soucis, parlons crise, parlons climat social. Call me François Fillon (nu).
Tu as remarqué, lecteur, c'est plutôt naze d'être jeune diplômé en 2009. Dans les faits, je le suis depuis 2008, mais comme j'ai pris un abonnement chez Nouvelles Frontiures au safari "série de stages payés au lance-pierre", en vrai je surnage dans mon statut d'étudiant attardé. Pour ton info, je fais actuellement ma dernière semaine de stage (youhou) et je n'ai pas de plan pour la suite. Mais bon, pas de panique.
L'un d'entre vous a-t-il son brevet de pilote?
Un peu blasé mais aussi très préparé psychologiquement à cette éventualité, je me gave de Kinder Buenu depuis deux semaines et j'ai pris trois kilos. Être djeunz, c'est naze, au final. Dommage, il paraît qu'être vieux, c'est pire. En résumé c'est difficile de savourer ces dernières bribes de jeunesse insouciante vu le panorama qui s'offre à moi dans les prochaines semaines.
Et bah tu sais quoi ? Je trouve que les gens font vachement les faux derches à ce sujet, et je m'en étonne. C'est vrai, quoi, la crise, la Chômagie, ça fait des sujets de conversation avec le chaland, ma brave dame. Et bah nan, que dalle. Mes collègues de la compta ou des RH, quand ils me croisent, ils ne se soucient pas un instant de mon (très proche) futur sort, eux mêmes qui ne m'ont pas embauché parce que "c'est la crise" et "on a des restrictions budgétaires de malade".
Cela n'a pas l'air de les effleurer, que si eux ne m'ont pas embauché pour ces raisons, d'autres risquent de ne pas le faire... pour exactement les mêmes raisons.
D'où mon questionnement : est-ce que la winner attitioude en entreprise oblige les gens à occulter les difficultés socio-économiques qui prennent naissance chez eux ? Pour être corporate, il ne faut pas aborder le sujet qui fâche du stagiaire à qui on avait fait miroiter une pré-embauche ?
Je trouve ça bien bête, mes enfants. Parce que 1) ça fait bien quatre mois que j'ai senti le vent tourner et que j'ai intégré le fait que mon embauche était plus qu'incertaine, et 2) ça va, les gars, je le sais, que c'est pas de votre faute, alors arrêtez de me sortir des "Tu vas prendre des vacances, c'est chouette" ou des "Tu vas trouver tout de suite". L'exemple typique, c'est quand on me demande en quelle année je passe, que je réponds "Ah nan mais j'ai fini mes études, là, je cherche du boulot" et que la personne prend un air vaguement gêné ("Ah merde, il devait être embauché, lui..."). Notre secteur, en ce moment, c'est la dèche intégrale, ne nous leurrons pas, et je n'en veux à personne. Mais quand on me joue la comédie du "Ah, mais c'est génial, tu pars vers d'autres horizons, alors !" en sachant pertinemment que je n'ai pas d'horizon, ça m'horripile.
Cela me donnerait presque envie ... euh... de m'arracher un bras pour avoir quelque chose à leur balancer.

(comprenne qui pourra)
Alors, lecteur, c'est aussi ça, l'esprit corporate ? Faire comme s'il n'y avait aucun souci ? Occulter le fait que le collègue du bureau d'à côté est viré et se casse dans trois semaines en évitant le sujet (véridique) ? S'enthousiasmer pour les milliers d'opportunités qui s'ouvrent au stagiaire pas embauché ? Nier, globalement et avec chacun, les aspects négatifs de la vie de l'entreprise ?
C'est très diplomate, mais il va falloir que je m'habitue...

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