Magazine Journal intime

Que la fête commence... (1)

Publié le 04 septembre 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor, rentr--eclasse.jpg
Comme d'habitude, me voilà revenue plus tôt que prévu... Tu sais que je ne peux pas me passer de toi bien longtemps ! Ca, ça veut dire que le moral ne suit pas... Je n'irai pas jusque là. Je suis assez partagée. Ce qui est certain, c'est que j'ai grandement besoin de te faire part de mes émotion... Cela va m'aider à y voir  clair, et à  faire un bilan de ma première rentrée d'enseignante.
Alors, alors... Lundi. Pré-rentrée. Je m'affaire, je m'affaire, je m'affaire. Je cours, je cours. Je découpe, je colle, je fais des montages. Je photocopie, je massicote, je photocopie, je massicote. A 16 h, j'admire, ravie, mes tas de polypop' alignés sur mon bureau, dans l'ordre chronologique de ma journée. Il n'y a plus qu'à attendre les fauves ! Voiiilà, c'est ça ! Seul bémol : l'ATSEM avec qui je vais travailler pendant cette semaine est aimable comme une porte de prison et soupire dès que je demande des renseignements. Comble du comble, je suis persuadée qu'elle m'ignore royalement quand je lui pose une question alors que, je l'apprendrais plus tard, elle est sourde comme un pot. De plus, en fin de journée, elle se tire en me disant : "Bon, ben, il me manque une étiquette de présence à plastifier, je la ferai demain matin en arrivant... Ah oui, et puis aussi, j'ai pas installé les tables... Bon. Ben, à lundi !". J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, avec toute la diplomatie qui me caractérise, mais pfiout, elle s'est déjà envolée.
Hier soir, je suis hébergée chez une amie de galère, avec une autre compagnonne. Son conjoint créole nous fait goûter son punch aux fruits de la passion et nous mitonne un petit repas typique de chez lui. Nous sommes aux anges, ainsi que nos estomacs. Bon vivant, il essaie de nous faire boire mais attention, faut pas rigoler avec ça, hors de question d'avoir la gueule de bois pour notre première rentrée d'instit'. Je me couche à une heure raisonnable, sans une once d'angoisse, à mon grand étonnement. Même surprise le lendemain matin, quand je constate que je n'ai ni diarrhée (amis poètes, bonsoir) ni gargouillis abjects. Je débarque à l'école fraîche et dispose, fais la bise au directeur, retire l'alarme du bâtiment et pénètre dans ma classe. J'ai vingt minutes d'avance et pense régler quelques détails de disposition et d'affichage. Que nenni. Cinq minutes avant l'heure d'ouverture de l'école, je constate que l'ATSEM n'est toujours pas arrivée. Je ne sais pas où est l'étiquette qu'elle est chargée de préparer. Et elle n'a pas atteint les puzzles, pâtes à modeler, feutres et autres activités d'accueil comme je le lui avais demandé. Tout à coup, c'est la panique à bord. Je sors tout le matériel susceptible d'être utilisé en autonomie par les mômes. Tant pis si je n'ai pas relu le déroulement de ma journée. Pas le temps. Plus le temps.
Enfin, l'ATSEM arrive la bouche en coeur. Il lui reste environ deux minutes chrono avant l'arrivée des fauves et de leurs géniteurs. Elle n'a pourtant pas l'air de réaliser qu'il n'est pas très correct et pas du tout accueillant, pour un enfant, d'être le seul à ne pas posséder son étiquette de présence. Si j'avais été la mère, je vous le dis franchement, j'aurais piqué ma gueulante. Mais non, cette dame ne s'est offusquée en rien devant le sourire de l'ATSEM. Bon. Bref. Premier accro de la journée. Plus le temps de resasser mes râlements intérieurs, cependant, car ça y est, les gosses sont là, et les parents avec. Et il y a des larmes ! Des cris. Il y a aussi des élèves, heureusement, qui se contentent d'un "à ce midi, Maman !", et vont direct au rayon "garage". Bon. Il y en a aussi qui ne sont pas propres (eh oui, même en Grande Section) et qui "n'ont pas fait popo avant de partir". Il y en a aussi qui embrassent directement la maîtresse : "Eeeeeeeeeeh ! Maîtreeeeessse ! Tu sais où j'ai été en vacances, moi ?". Et d'autres auxquels on ne peut pas décrocher le moindre mot, même un bonjour. Bon. Puis les adultes décollent, certains ont visiblement bien du mal à se séparer de la prunelle de leurs yeux. Mais ils décollent. C'est l'essentiel.

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