Magazine Journal intime

Que la fête commence... (2)

Publié le 05 septembre 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor,
rentr--e3.jpg
Où en étions-nous hier ?  Tu avais interrompu notre conversation juste au moment où les parents quittaient la classe... Ah oui, c'est ça ! Bien.  Les parents s'en vont donc et je  frappe dans mes mains pour attirer l'attention des gosses  : c'est l'heure du rangement !  Et crois-moi, c'est pas du luxe... Je risquais  un accident du travail en glissant sur une tomate en plastique ou une petite voiture ! Heureusement, il n'en fut rien. Enfin... Tu verras que la journée réservait, de toute façon, son lot de surprises, de frayeurs et de frissons... Et de gloire ! De gloire ?! Eh eh... Tu vas comprendre, tu vas comprendre...
Regroupement. On se présente. J'explique que je ne serai leur maîtresse que pour une semaine. Rappel de ce qu'est une semaine. Comptage des jours. Identification de la date et du mois. Ca commence bien : certains sont persuadés d'être en décembre, "le mois du Père Noël" ! Ca ne m'étonne guère : sur le temps d'accueil, beaucoup d'élèves s'étaient mis en tête de dessiner des sapins... Va savoir pourquoi... Bref. Nous évoquons ensuite la météo, comptons ensemble le nombre d'élèves présents ; rien de bien original, donc, pour des rituels de Maternelle. Petit moment de langage ensuite, à propos de, devine quoi... Les vacances d'été ! Tout juste ! Alors que Loana se lance dans la description de l'eau bleue de "chez sa mamie", on frappe à la porte. C'est un monsieur d'un certain âge, l'air avenant, bien endimmanché. Derrière lui, un photographe. Un vrai de vrai ? Un vrai de vrai.
Toute impressionnée que je suis (je m'imagine, bien évidemment, qu'il s'agit de l'Inspecteur de la circonscription, venu faire le tour des classes pour cette nouvelle rentrée scolaire...), j'entends les mots "maire" et "votre première année". J'acquiesce quand il faut, souris quand il faut, serre la main quand il faut. Et le photographe, lui, prend son cliché quand il faut aussi, c'est à dire au moment de la poignée de main ! C'était un journaliste, sans aucun doute... Oui. Tu vas être dans le journal, alors ! Je ne sais pas trop. J'imagine qu'il y a eu une photo de faite dans chaque classe... Oui mais toi, tu incarnes la nouvelle génération ! Il paraît, il paraît... En tous cas, ma grand-mère aurait été très très fière ! Bref. Monsieur le Maire quitte la classe après avoir été fort admiratif de ces "enfants si sages" (il tombait pile dans la demie-heure idyllique...) et moi, je retourne sur ma petite chaise, comme dans du coton. La première partie de matinée se déroule bien. Les ateliers fonctionnent bien et l'assistante d'éducation, qui vient voir si je n'ai pas besoin de quelque chose, trouve les enfants très calmes. Je suis ravie. Pas pour longtemps ? Pas pour très longtemps...
C'est après la récréation que cela se gâte. Les enfants ont pris confiance et se sentent, disons... Très à l'aise ! Ah oui... Pour reprendre ton mot, ils... Prennent leurs aises !je n'avais jamais travaillé dans une école classée ZEP. On dit que les enfants y sont plus durs qu'ailleurs. Dans le cas de mon poste provisoire, c'est largement justifié. J'ai dû affronter ce qui, déjà, en classe ordinaire, n'est pas évident d'arborer pour obtenir des résultats : l'Autorité. Sans donner de noms, sans citer d'enfants, il est clair, à mes yeux, que la contrariété peut devenir, pour certains élèves, une source de blocage. Plus envie de rien faire. Ils partent bouder dans un coin. Ou pire : c'est la crise de nerfs. C'est très difficile à gérer. Parce qu'ils n'écoutent plus. Plus du tout. Que cela déraper en violence. Et que, bien souvent, ils entraînent la classe dans cette spirale néfaste qu'est comment-bousiller-la-première-rentrée-de-la-maîtresse-en-moins-de-deux. Ne leur en veux pas, à ces petiots, Mirabelle... Ils ne le font certainement pas exprès ! Ah mais je ne leur en veux pas ! Qu'il n'y ait pas de malentendus ! Quant à savoir s'ils le font exprès ou non... Je ne pose pas le problème en ces termes... Il faut voir aussi les habitudes de ces enfants à la maison, leur cadre de vie... Et tu peux bien te douter, si c'est classé ZEP, que... Oui, je vois, je vois... Ce n'est pas un milieu très favorisé...
La séance de motricité, par exemple, a été compliquée. Alors que mes Petits du lundi, en fin d'année, me gratifiaient d'une superbe ronde, ces "MS sortants" peinent à se donner les mains et, quand toutes les mimines sont liées les unes aux autres, tirent, poussent, s'entraînent pour se faire tomber. C'était visiblement très drôle pour eux, cela l'était beaucoup moins pour moi comme tu peux t'en douter. J'ai donc pris la décision de faire se rasseoir tout le monde et n'ai pu obtenir qu'un calme très très relatif. C'est ce moment qu'a choisi Monsieur l'Inspecteur de la Circonscription pour faire son apparition dans la salle. J'ai bien évidemment regretté instantanément qu'il ne soit pas venu pour le regroupement ce matin. J'aurais préféré qu'il inverse sa visite avec celle de Monsieur le Maire mais ainsi va la vie. Bref. Je me présente. Il note sur un calepin l'effectif de la classe et finit par me dire qu'il n'est autre que l'Inspecteur de la Circonscription, comme j'ai dû le deviner. Certes. Puis il me demande dans quelles écoles j'ai enseigné durant mes stages. Mon cerveau chauffe, chauffe, chauffe. J'ai plus envie de garder un oeil sur les enfants qui gesticulent sur les bancs, et très honnêtement, je dois faire un effort surhumain dans le brouillard de mes souvenirs. Cet Inspecteur est pourtant très gentil et me souhaite une bonne journée. Il s'en va. Et voilà : C'était la première fois que je voyais un Inspecteur ! Il faut une première fois à tout !
La matinée file à une vitesse monumentale. Et déjà il est 11 h 45 : les parents se présentent à la porte pour récupérer leur progéniture. La classe se vide petit à petit. Il faut se souvenir non seulement des prénoms des élèves (et j'ai la fierté de t'annoncer que je les ai tous enregistrés !) mais aussi associer le visage de chaque parent à celui de son enfant, ce qui est moins évident. A 12 h, il n'y a plus personne. Je souffle à peine, attrape mon teléphone, manteau et portefeuille et je m'en vais attendre mon bus pour descendre en ville et manger avec mon amie S., qui, affectée dans un bourg non loin d'ici, n'a pas de classe en charge et aide à la direction.
Voooilà ! Je t'épargnerai les détails. Sache juste une chose : je n'avais jamais travaillé dans une école classée ZEP. On dit que les enfants y sont plus durs qu'ailleurs. Dans le cas de mon poste provisoire, c'est largement justifié. J'ai dû affronter ce qui, déjà, en classe ordinaire, n'est pas évident d'arborer pour obtenir des résultats : l'Autorité. Sans donner de noms, sans citer d'enfants, il est clair, à mes yeux, que la contrariété peut devenir, pour certains élèves, une source de blocage. Plus envie de rien faire. Ils partent bouder dans un coin. Ou pire : c'est la crise de nerfs. C'est très difficile à gérer. Parce qu'ils n'écoutent plus. Plus du tout. Que cela déraper en violence. Et que, bien souvent, ils entraînent la classe dans cette spirale néfaste qu'est comment-bousiller-la-première-rentrée-de-la-maîtresse-en-moins-de-deux. Ne leur en veux pas, à ces petiots, Mirabelle... Ils ne le font certainement pas exprès ! Ah mais je ne leur en veux pas ! Qu'il n'y ait pas de malentendus ! Quant à savoir s'ils le font exprès ou non... Je ne pose pas le problème en ces termes... Il faut voir aussi les habitudes de ces enfants à la maison, leur cadre de vie... Et tu peux bien te douter, si c'est classé ZEP, que... Oui, je vois, je vois... Ce n'est pas un milieu très favorisé...
La séance de motricité, par exemple, a été compliquée. Alors que mes Petits du lundi, en fin d'année, me gratifiaient d'une superbe ronde, ces "MS sortants" peinent à se donner les mains et, quand toutes les mimines sont liées les unes aux autres, tirent, poussent, s'entraînent pour se faire tomber. C'était visiblement très drôle pour eux, cela l'était beaucoup moins pour moi comme tu peux t'en douter. J'ai donc pris la décision de faire se rasseoir tout le monde et n'ai pu obtenir qu'un calme très très relatif. C'est ce moment qu'a choisi Monsieur l'Inspecteur de la Circonscription pour faire son apparition dans la salle. J'ai bien évidemment regretté instantanément qu'il ne soit pas venu pour le regroupement ce matin. J'aurais préféré qu'il inverse sa visite avec celle de Monsieur le Maire mais ainsi va la vie. Bref. Je me présente. Il note sur un calepin l'effectif de la classe et finit par me dire qu'il n'est autre que l'Inspecteur de la Circonscription, comme j'ai dû le deviner. Certes. Puis il me demande dans quelles écoles j'ai enseigné durant mes stages. Mon cerveau chauffe, chauffe, chauffe. J'ai plus envie de garder un oeil sur les enfants qui gesticulent sur les bancs, et très honnêtement, je dois faire un effort surhumain dans le brouillard de mes souvenirs. Cet Inspecteur est pourtant très gentil et me souhaite une bonne journée. Il s'en va. Et voilà : C'était la première fois que je voyais un Inspecteur ! Il faut une première fois à tout !
La matinée file à une vitesse monumentale. Et déjà il est 11 h 45 : les parents se présentent à la porte pour récupérer leur progéniture. La classe se vide petit à petit. Il faut se souvenir non seulement des prénoms des élèves (et j'ai la fierté de t'annoncer que je les ai tous enregistrés !) mais aussi associer le visage de chaque parent à celui de son enfant, ce qui est moins évident. A 12 h, il n'y a plus personne. Je souffle à peine, attrape mon teléphone, manteau et portefeuille et je m'en vais attendre mon bus pour descendre en ville et manger avec mon amie S., qui, affectée dans un bourg non loin d'ici, n'a pas de classe en charge et aide à la direction.


Retour à La Une de Logo Paperblog